A cause de la nuit utilise le même procédé que le premier opus de la trilogie Lloyd Hopkins, Lune Sanglante : on suit en parallèle l'enquête d'Hopkins et le parcours du tueur.
On a affaire ici à une triple exécution dans un magasin d'alcools à laquelle se mêle la disparition d'un flic qui semble avoir quelque peu perdu la tête. Les deux affaires se rejoignent et convergent vers ce psychiatre manipulateur, très malin mais aussi très torturé par un passé dramatique, qui fait exécuter ses désirs de violence par des personnes aisément manipulables.
"Le père de Johnny le tient pour une mauviette et organise une cérémonie initiatique afin d'exalter sa virilité: il faut qu'il achève le vieux chien de chasse de la maison. Johnny refuse et son père l'expédie dans un "centre d'apprentissage" dirigé par des sœurs appartenant à une secte extrémiste. Les sœurs enferment Johnny sans pain ni eau dans une cave infestée de rats, et ne lui donnent pour se défendre qu'une unique pelle. Deux jours passent. Johnny se recroqueville dans un coin et hurle à en perdre la voix tandis que les rats lui mordillent les jambes. Le troisième jour il s'endort par terre et lorsqu'il se réveille il aperçoit un énorme rat qui détale, un morceau de sa lèvre entre les pattes. Johnny hurle, s'empare de la pelle et frappant furieusement, il extermine tous les rats de la cave. Le père de Johnny le ramène à la maison le jour suivant. Il passe une main bourrue dans ses cheveux en l'appelant "le petit ratier de papa". En arrivant, Johnny se dirige droit sur le râtelier à fusils de son père, saisit un fusil de calibre 12 et d'un pas assuré se rend au chenil où cinq Labradors et cinq chien d'arrêt à poils ras gambadent derrière le grillage. Johnny les fait passer de vie à trépas, il fait demi-tour et soutient le regard de son père qui pâlit, puis s'évanouit. Des semaines passent. Son père l'évite."
Je reproche toujours le même défaut à Ellroy qui est de ressasser sans cesse les mêmes thèmes dans chacun de ses livres. Il faut néanmoins lui rendre que ça fonctionne : le livre se lit tout seul. L'enquête tient la route, même si je n'ai jamais trop compris pourquoi Havilland voulait s'en prendre à Hopkins en particulier, mais peut être que quelque chose m'a échappé.
"Les flics et les putains travaillent sur le même trottoir pour ainsi dire."
Les personnages sont fouillés, davantage que dans le premier. Sans doute partiellement dû au fait que le tueur est psychiatre et que l'on a droit à quelques séances de psychanalyses, entre autre de Linda Wilhite, la femme fatale du roman qui raconte ses fantasmes de boucheries et les met en lien avec la mort violente de ses parents. C'est tellement plausible que c'en est effrayant.
Je ne vais pas trop traîner avant de lire le troisième, La colline aux suicidés, histoire d'avancer dans un certain défi avant le bilan de janvier, qui risque de ne pas être très mirobolant. Espérons que le final va dépoter !
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