Un récit court mais poignant dans lequel Maylis de Kerangal réagit au drame du 3 octobre 2013, lorsque plus de trois cent migrants africains trouvèrent la mort au large de Lampedusa. Un nom qui évoque à l'auteur un autre naufrage: celui de l'aristocratie sicilienne que l'on voit sombrer dans Le Guépard, chefs-d'œuvre de deux grands auteurs, Lampedusa et Visconti. Maylis de Kerangal nous offre ainsi de très belles pages de réflexions sur ces deux œuvres, avant de laisser son esprit dériver vers d'autres lectures, vers d'autres paysages. Ce voyage imaginaire et intérieur permet à l'auteur de situer et de saisir l'ampleur de la tragédie humaine du 3 octobre.
On retrouve ici la belle prose de Maylis de Kerangal, presque poétique, chaque chapitre étant scandé par "à ce stade de la nuit", qui n'est pas sans rappeler le bout du petit matin d'un Cahier du retour au pays natal, cri de rage et de détresse d'Aimé Césaire.