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À fleur de peau propose le texte (intégral ou sous forme d’extraits ?) d’une enquête menée par Alexandre Lacassagne sur une population de tatoués en 1881, c’est-à-dire à une époque où le tatouage...
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le 9 juil. 2018
À fleur de peau propose le texte (intégral ou sous forme d’extraits ?) d’une enquête menée par Alexandre Lacassagne sur une population de tatoués en 1881, c’est-à-dire à une époque où le tatouage concernait exclusivement taulards, soudards, matelots et putes – étant entendu que ces catégories ne sont pas étanches et que la dernière n’est pas traitée ici.
L’approche est celle de la médecine légale de l’époque : rien d’étonnant, donc, à lire que les tatouages « sont la manifestation de cette vanité instinctive et de ce besoin d’étalage qui sont une des caractéristiques de l’homme primitif ou de nature criminelle » (p. 29) ou qu’un des tatoués étudiés « est d’une habileté et d’une ruse de Peau-Rouge » (p. 67). Il est vrai que l’enquête, contemporaine du développement du bertillonnage, relève d’une optique dans laquelle on entend étudier objectivement les marginaux de toutes sortes (tatoués, prisonniers, vagabonds, etc.) et où l’on veut faire entrer la morale dans le moule de la science médicale. (Mais peut-être certaines branches de notre criminologie actuelle n’en sont-elles pas si différentes…)
Encore reste-t-on assez loin des délires de certains médecins de l’époque, Lacassagne pratiquant le classement et s’appuyant sur des statistiques. Lire, par exemple, que « l’influence vraie est celle de la prison » (p. 27) relativise les considérations sur la nature de l’homme criminel qui fleurissent sous les plumes de l’époque. Quoi qu’il en soit, c’est donc surtout en tant que documents historiques que le travail de Lacassagne et la dizaine de portraits tirés de revues scientifiques de l’époque qui en constituent l’appendice valent d’être lus.
Et dans un sens, l’introduction de Philippe Artières est beaucoup moins intéressante. Elle se contente le plus souvent de paraphraser le contenu de l’enquête (alors qu’il y a sur cette enquête bien des analyses à mener), propose une contextualisation très sommaire et superflue pour un lecteur doté d’une bonne culture générale, et raconte une nouvelle de Borges (« L’Imposteur invraisemblable : Tom Castro ») qui n’a finalement pas grand-chose à voir en-dehors du thème du tatouage.
Bon, il y a aussi des reproductions de tatouages, dont certains sont… surprenants. Mais ça reste bien léger, et je suis certain qu’il existe sur ce thème des ouvrages beaucoup plus approfondis.
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le 9 juil. 2018
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