"Raconter la vie", aux éditions du seuil, c'est une collection de petits livres qui exposent, au travers de l'expérience d'une personne (ou de plusieurs parfois), les conditions de travail dans un secteur de l'économie, ici les abattoirs.
On y suivra Stéphane qui, après un parcours scolaire effectué couteau entre les dents, terminera à l'usine, couteau entre les mains.
On découvre alors une partie de ce qui, selon ses propres termes, doit "rester secret" :
odeurs qui révulsent, sang qui vous asperge, images de viscères et de cadavres qui se fixent à la rétine, et qu'on ne décolle qu'à grand renfort de bière, juste pour trouver le sommeil...et repartir, le lendemain, et le jour d'après, et pendant des années, jusqu'à finir rincé, jusqu'à l'os, comme toutes ces carcasses. "Cassé à 50 ans" par une industrie qui, à l'inverse de beaucoup d'autres, n'aura pas beaucoup changé en un siècle.
Mais Stéphane trouvera tout de même un moyen de s'épanouir, et ce dans l'action syndicale, apprenant à faire entendre sa voix face à une hiérarchie très prompte à identifier son personnel au bétail qu'il traite.
Une voix qui nous rappellera, comme toutes celles de cette collection, que la "lutte", ça sert à quelque chose.