Ce 2e tome comme le premier se divise en 2 parties, la première « Autour de Madame Swann » et la seconde « Nom de pays : Le pays ». Sous ce titre moins évocateur que le premier, se cache en réalité toute la partie où le narrateur est en vacances à Balbec avec Françoise et sa grand-mère et où il rencontrera Albertine, Andrée et Rosemonde, les fameuses « filles en fleurs ».

Si cette deuxième partie est extrêmement poétique et attendrissante - notamment dans la relation très tendre entre le narrateur et sa grand-mère - c’est réellement la première qui m’a touchée au cœur.

Les deux parties relatent – entre autres - les amours enfantines, les stratégies, les déceptions, les vexations du narrateur dans sa confrontation et son idolâtrie tantôt de Gilberte et enfin d’Albertine.

Mais la description des personnages et de la société parisienne en première partie, m’ont tellement régalées ! J’ai beaucoup ri ; des manières de Françoise, de la fausse érudition de Monsieur de Norpois quand il vante le talent de la Berma, des expressions franches et franglaises d’Odette, ses manières mondaines (les violettes de Parme dans sa chambre), des chamailleries de Mmes Cottard et Bontemps (« en tirer gloire auprès des Cottard, en le leur racontant n’avait pas été la partie la moins savoureuse de son plaisir ») ;

Ajoutez à ce décor quasi-comique, les impressions parfaitement justes et souvent mélancoliques du narrateur dans chaque situation ; quand il découvre ses sentiments pour Gilberte, sa jalousie (« ce n’est jamais qu’à cause d’un état d’esprit qui n’est pas destiné à durer qu’on prend des résolutions définitives »), sa rencontre avec Saint-Loup (auquel il s’attache d’ailleurs avant même de lui être présenté), son admiration pour Albertine (description de ses mains, interprétation de toutes ses réactions lors du jeu du furet) son observation des adultes et de leurs codes sociaux – sans en être tout à fait dupe, et vous obtenez un mélange d’émotions d’une intensité rare en littérature.

Pour n’en citer qu’un, incroyable passage où il espère être introduit chez les Swann par Monsieur de Norpois mais réalise aussitôt qu’à cause de sa flatterie excessive il vient de commettre une maladresse qui le condamnera à n’y être jamais mentionné ; « je me rendis compte aussitôt que ces phrases que j’avais prononcées et qui, faibles encore auprès de l’effusion reconnaissante dont j’étais envahi, m’avaient paru devoir toucher M. de Norpois et achever de le décider à une intervention qui lui eût donné si peu de peine, et à moi tant de joie, étaient peut-être (…) les seules qui pussent avoir pour résultat de l’y faire renoncer ».

J’ai eu le cœur serré tant de fois de compassion pour ce personnage si attachant et d’une sensibilité infinie et pure (j’ai fondu au passage où il convient avec sa grand-mère d’un code pour s’appeler à travers le mur de la chambre d’hôtel à Balbec aussi).

Ce livre est à la fois d’une finesse psychologique incroyable et d’une force de sentiments qui m’ont tout simplement bouleversées.

Quelle chance vous avez tous ceux qui ne sont pas encore tombés dedans ! :)

Marge_Demanoeuvre
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le 4 avr. 2021

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