Un incontournable sur la Première guerre mondiale

Ce livre doit être évoqué si l'on veut parler de cette guerre. En effet, son intérêt premier est de présenter le parcours d'un soldat allemand de la première guerre mondiale : Paul Bäumer. Cette particularité pourrait paraître anodine, il n'en est rien. Le point de vue allemand est rarement choisi et la plupart des témoignages de la Grande guerre sont ceux des poilus français : première raison de le lire en priorité.

Ensuite, tous les lieux touchés par la guerre sont visités. Tout d'abord, et principalement, Paul et le groupe d'amis autour de lui évoluent dans les tranchées du Nord de la France et des Flandres. Cela permet de découvrir leur quotidien et celui des attaques françaises mais aussi de voir le traitement des populations déplacées laissant place à des villages déserts, par la suite dévastés par les bombardements. Ainsi, nous avons une vision allemande des zones occupées.
Par ailleurs, notre héros est témoin des conditions de vie dans les hôpitaux. Il y est d'abord spectateur en assistant impuissant à la mort d'un de ses amis, avant d'y être acteur lorsqu'il arrive dans un hôpital catholique. Il y découvre, entre autres, les expérimentations pratiquées par des médecins sur des blessés incapables de s'y opposer.
Enfin, lors de son séjour chez lui, nous donne une vision de l'état d'esprit de la société allemande dont le patriotisme et la naïveté ressemble fortement à celle de la France. En effet, lorsque Paul est abordé par un directeur dans un café, ce dernier lui dit : "Flanquez une tripotée à ces bougres-là, alors nous aurons la paix", comme si cela était d'une facilité déconcertante. Paul découvre aussi le rationnement des civils et le travail supplémentaire que ces derniers doivent fournir afin d'alimenter la machine de guerre.

De plus, l'histoire adopte un point de vue interne, permettant une meilleure immersion dans la guerre des tranchées. Nous vivons à travers le héros toutes les horreurs dont il est témoin, ainsi que ces interrogations, d'abord sur les raisons de cette guerre, avant d'élargir en se questionnant sur l'essence même de la guerre. Ce roman sur la guerre a été écrit, en effet, dans un but pacifiste. Par ailleurs, le questionnement du héros n'est pas qu'intérieur, il donne lieu à des discussions ouvertes avec ses autres camarades, ce qui permet aussi d'avoir des avis différents sur la question. Le héros est aussi sujet à des moments de nostalgie, revoyant ou imaginant des paysages de campagnes, et contrastant énormément avec le lieu où il se trouve, mais qui se rattache à ces images par un détail, comme un peuplier ou une lumière. Ces images illustrent aussi la vision utopiste d'un monde où la guerre n'existerais pas, comme dans un rêve.

Enfin, Erich-Maria Remarque dresse le portrait de cette jeunesse sacrifiée, et que la guerre a emporté, soit en mettant fin, prématurément, à leur jours, soit en leurs laissant des séquelles, physiques ou psychologiques, ineffaçables. D'ailleurs, Paul et ses amis se demandent même si ils ont eu une jeunesse, car ils ont été rapidement mobilisés et n'ont pu profité pleinement de cette période d'insouciance.

Pour conclure, j'évoquerai les moments de légèreté dont font preuve Paul et ses camarades, qui font sourire, mais surtout, qui permettent aux soldats de ne pas sombrer dans la folie. Ces moments rendent un peu d'humanité à ces êtres qui ont été tués, blessés ou encore mutilés. Il y a aussi ces moments où ils se jouent de leurs supérieurs, accentuant la bêtise de leurs actes et paroles.

Ce livre déploie un panorama de la Première guerre mondiale, du côté allemand, mais qui peut être symétrique en beaucoup de points à celui français. Il se fait d'abord simple reflet de cette guerre, avant de monter une véritable critique de la guerre elle-même.