Barthélémy Thimonier. Ce nom ne dit rien à personne. Né en 1793, tailleur, il épouse Madeleine, brodeuse. C'est en la regardant travailler qu'il a l'idée de concevoir une machine qui coudrait les vêtements, rendant ainsi le travail des tailleurs plus rapide et plus facile. Une fois son invention mise au point, et n'étant pas compétent pour faire breveter son invention, il s'associe avec Auguste Ferrand, qui lui propose de monter le dossier et avancer les fonds en échange de la moitié des droits de propriété. Mais la machine ne donne pas satisfaction, et Barthélémy abandonne, provisoirement. Sa vie sera faite d'échecs, d'obstination, de misère et de malchance.
Le roman de Yamina Benahmed Daho rend hommage à cet homme, en même temps qu'il dénonce les conditions de vie misérables des ouvriers, que l'industrialisation n'a pas aidés, bien au contraire. Exploités, usés, ils vivent dans la misère, gagnent à peine de quoi se nourrir au prix de longues heures de travail. Le roman est aussi un hommage à la mère de l'auteure, auteure dont l'enfance a été bercée par le bruit de la machine à coudre.
C'est un roman original dans sa construction. Les trois premiers chapitres racontent la naissance de l'idée de la machine à coudre sous trois angles différents. Des passages en gras sont consacrés à la mère de l'auteure. On y trouve un récit historique (Les déconvenues de Barthélémy) en même temps que des réflexions personnelles de l'auteure sur l'actualité des derniers mois. Et aussi le récit (haletant !) d'un spectacle de Guignol. Auteure à suivre.