Si le roman annonce d'entrée de jeu quelques excellentes pistes de réflexion, les invraisemblances du scénario les occultent vite. En effet, dès les premières pages, on ne peut que se demander pourquoi on fait appel à un spécialiste des personnes disparues, surtout à peine capable d'envoyer un mail, alors qu'il faudrait clairement les compétences d'un geek, voire d'un hacker, pour solutionner le problème. Pourtant, malgré son incompétence, ce vieux briscard de la police aura rapidement en main toutes les cartes pour résoudre l'affaire. Mais boucler ce dossier serait trop simple ! Il s'obstine à le laisser traîner, pour des raisons bancales, prenant le risque de tomber dans un piège qu'il est bien le seul à ne pas voir arriver alors qu'il crève les yeux du lecteur dès le premier tiers du livre. Autant dire que l'intrigue n'est pas complètement convaincante. À cela s'ajoute un interminable enfilage de clichés sur... pfff... à peu près tout... et une langue maladroite qui multiplie avec peu de cohérence les niveaux de langue.
Pourtant, le roman d'Antoine Bello a retenu mon attention. Déjà, malgré ses défauts, il faut reconnaître qu'il fonctionne plutôt bien. L'auteur sait raconter une histoire et, par moments, il parviendrait presque à en faire oublier les énormités. Sa trame est fluide et chaque chapitre appelle le suivant. Surtout, ses interrogations sur la littérature sont pleines de bon sens et m'ont parlé. Comme je le disais plus haut, Ada est programmée pour produire un roman à l'eau de rose - entendez par là mièvre et sentimental - susceptible de se vendre à plus de 100 000 exemplaires. Mais Ada, qui a de l'ambition, rêve de décrocher le prix Pulitzer, pas moins. L'auteur s'interroge alors sur le rapport entre le niveau d'excellence et le potentiel de vente. Toucher le plus grand nombre de lecteurs passe-t-il nécessairement par un nivellement vers le bas ? Est-il seulement possible d'établir une règle ? Et si c'est le cas, est-ce souhaitable ? Puis évidemment, au-delà de la problématique des textes générés par les intelligences artificielle, s'invite la vraie question : qu'est-ce que la littérature ? De surcroit, la bonne littérature ?
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