Le début d'Ahlam est ce qu'il y a de meilleur dans le roman de Marc Trévidic. La description de l'Eden qu'est ce petit coin de Tunisie pour un peintre qui s'y réfugie est chatoyant et une belle ode à l'art, à la beauté et à l'amitié. Le reste du roman est d'une certaine façon plus convenu comme si l'auteur était piégé par le contraste entre la lumière des relations tissées par son héros et son amour de la création, d'un côté, et l'ombre des menaces de plus en plus présentes dans une Tunisie où le Printemps arabe s'accompagne d'une montée radicale et fondamentaliste, de l'autre. Non pas que le roman soit manichéen, ses personnages ne sont pas tout d'une pièce, mais quand il s'agit de montrer la haine et l'intolérance, la plume de Trévidic se fait démonstrative et l'enchaînement des circonstances surprend par sa "candeur" narrative, embarrassante même tellement la course vers un dénouement tragique semble attendue et prévisible longtemps avant, tout comme ce contraste trop marqué entre l'évolution du frère et de la soeur, enfants du pêcheur, l'ami tunisien du peintre. Il n'est pas facile d'écrire à la fois un roman élégiaque et politique, certes, et si Ahlam témoigne de maladresses dans son style et son déroulement, il offre aussi de belles p(l)ages simples et inspirées sur le bonheur d'être en vie et de la consacrer à la beauté du monde que des forces obscurantistes s'acharnent à vouloir détruire.