Et voilà, encore un idiot qui n'a pas compris toute la profondeur du Goncourt. En lisant ce livre, j'ai pensé à un concert de jazz auquel j'avais assisté ; à un moment, j'ai naïvement fait part de mon étonnement en débusquant une fausse note. J'ai consterné un voisin averti qui me rétorquait que ce n'était pas une fausse note mais bien au contraire le trait de génie de l'artiste : il était "out", càd qu'il jouait en dehors de la gamme, exercice périlleux s'il en est pour un musicien aguerri. Je n'avais rien compris.
Donc voilà, en lisant certaines phrases, je me suis dit que c'était bizarre, mal tourné, pour ne pas dire tout simplement, pas français. Mais c'est certainement que je suis encore désespérement cartésien et passe encore une fois à côté du génie manifeste qui consiste en certain art de la tournure de phrase "out", de barbarismes syntaxiques ou autre néologisme grammatical.
Bref, je suis sûrement trop fleur bleu, je m'attendais à une histoire d'amour tout bête. Mais il s'agit de tout sauf ça : une histoire de désenchantement (mais immédiat en fait, dès les premières pages), de haine, de mépris, d'indifférence, d'adultère, d'auto-destruction, au mieux de désamour... J'ai par ailleurs trouvé de nombreux passages inutilement pénibles tant la vulgarité était excessive.
Par ailleurs, comme le dit le 4ème de couverture, l'auteur fait un mélange de biographie et de fiction. Donc déjà là j'adhère pas, car pendant tout le livre on se demande ce qui relève de la vraie vie de cette pauvre Zelda, et de ce qui relève de l'imagination fertile de notre Goncourt 2007. Ensuite, l'auteur se fend de temps à autre d'une date dans la marge. Je ne sais pas ce qui est le plus énervant : soit les flashbacks incessants et qui partent dans tous les sens (1919 § 1940 § 1926 § 1924) soit le fait qu'à certains moments, il n'y a plus aucune indication de date. Donc des fois, on est en 1940, à côté d'un paragraphe de 2 lignes, qui ne nécessitait aucune précision temporelle (oui, j'ai sûrement rien compris). Et des fois, on se demande vraiment à quel moment de la vie de l'héroïne on est. Ensuite, on se demande bien à qui elle parle cette pauvre Zelda : tantôt à elle même, ou pour le lecteur, ou encore à un de ces innombrables psychiatre, ou des fois même, on a l'impression que ce n'est pas elle qui parle. Tout m'a paru confus, décousu, sans intérêt, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant énervé en lisant un bouquin!
Même si ce livre est très court, je l'ai trouvé abominablement long, interminable. Peut-être a t-on voulu décerner le Goncourt à Mr Leroy pour l'utilisation impressionnante et toute aussi stérile de mots pompeux comme hypnagogie, alacrité, créosote, j'en passe et des meilleurs, afin qu'on puisse aisément ressortir tout ce beau monde dans des discours mondains...
Je me suis senti lésé et vous invite fortement à passer votre chemin!
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