Il y a un moment déjà que je souhaitais lire ce roman puisqu'il revenait régulièrement dans les listes sur le thème de la diversité d'orientations sexuelle et de genre. Il s'agit clairement d'un roman intermédiaire, plus qu'un roman adolescent et si ce n'est pas un mauvais roman, la présence de diversités n’éclipse pas un scénario assez simple.
Alana fait parti d'une famille de Médiateurs, dans un monde où les vampires existent et vivent en secret parmi les humains. Leur rôle est d'assurer le maintient de la diplomatie entre les deux espèces, sans toutefois révéler la présence des uns aux autres. Vivant avec un mystérieux mal qui semble l'empêcher de faire des efforts musculaires soutenus, Alana se sent donc exclue dans sa famille, en particulier avec une sœur aînée qui présente de nombreuses forces. Quand ses parents et sa grande soeur partent pour une mission à l'étranger, Alana voit son quotidien bousculé avec l'arrivé d'un nouveau dans sa classe. Rapidement, elle repère sur ce nouveau venu les signes du vampirisme, à ceci-près que les infampires sont interdits depuis des siècles. Alors comment expliquer sa présence parmi les humains et son jeune âge? Épaulée de sa grand-mère, Alana se confie une mission, celle de découvrir les antécédents de Joâo, qui n'a assurément pas demandé à devenir un avaleur de globules...pour l'éternité.
Donc, est-ce prévisible? Quand on est une habituée de la littérature jeunesse, assurément. La seule chose qui m,a vaguement surprise est le changement de pronom d'Oli, qui passe ainsi de "fille" à "non-binaire". Donc, pour l'originalité, on est en terrain connu. Au moins, je remercie l'autrice de ne pas nous servir le fiasco de la série Fascination, sans aucun doute les pires vampires imaginables qui soit. Ici, ils sont plus près de ce que les romans de Stoker et compagnie nous on offert en littérature, mais pour le coup, on ne réinvente pas cette pauvre créature qu'est le vampire. D'ailleurs, j'ai toujours autant de mal à imaginer comment on peut être le plus formidable prédateur du genre Homo qui soit sans aussi être l'espèce dominante du monde, en avant des Sapiens, mais bon, on semble préféré les voir mystérieusement confinés dans de sombres château à conspirer entre eux qu'en maîtres du monde. Ironique, quand même.
Ce qui est cependant moins prévisible est le fait que je n'ai pas l'ombre d'une idée quand à la nature des douleurs d'Alana. C'est énervant, car si on veut normaliser un état, il faut permettre à la majorité qui est est dépourvue de le comprendre. Or, on nage en plein mystère. Syndrome, anomalie génétique, fibromyalgie, douleurs chroniques, allez savoir!
Ce qui m'anène à dire que les diversités sont un peu "plaqué". On mentionne une diversité sans s'y intéresser pleinement, surtout dans le cas assez inédit d'Alana. On ne développe pas non plus sur la transition amorcée d'Oli. Je ne dis pas d'en faire un opéra, mais quand même, c'est rare un personnage non-binaire en littérature jeunesse, j'aurais aimé un peu plus de ressenti sur le sujet. Aussi, on ne traite pas du deuil ou de l'adaptation du personnage de Joâo, nouvellement vampire. C'est toujours le mat le plus délaissé, celui de la psychologie, sans doute parce que les auteurs et autrices oublient que les humains ne sont pas des champions en gestion des émotions et qu'ils sont facilement ébranlés. Du coup, ils sont souvent "trop imperturbable" ou encaisse aisément des trucs de grand ampleur, mais chouine à la moindre belle gueule par contre, sérieusement autrices, moins de coup de foudre, plus de psycho! Mais je m'égare...
Le thème de l'ado qui veut prouver aux autres de quoi elle est capable est également maintes fois exploitée, surtout de cette manière, où l'héroine ou le héro prend une mission en charge sans trop de consentement parental. Ici, au moins, Alana a le concours de sa grand-mère, ça reste un point positif, car il est réaliste. Autre point que j'ai relevé et que j'ai apprécié: Les personnages ne sont pas débiles ( bon, sauf pour Oli qui a eu le béguin pour un vampire parce qu'il est mystérieux avant de s'en désintéressé parce qu'en le connaissant, il n'est plus mystérieux, ça va faire cette manie d'avoir du béguin pour le mystère plus que pour la personne??). Ils sont relativement cohérents et méthodiques, ça a du mérite.
Le rythme est somme toute tranquille et on ne s'insère pas facilement dans les souliers des personnages. Ça reste donc de surface. Quand à la plume, j'ai vu bien pire, je vais donc aussi dire qu'elle est acceptable et fait le travail.
Donc, globalement, ce roman est "correct", à défaut de terme plus précis. Il reste pertinent sur bien des points, est un rare cas de roman avec des vampires pas trop clichés ou couillons, qui eux sont légion, met en vedette trois archétypes rares en littérature jeunesse ( non-binaire, profil ethnique noire et heu...appelons-ça "diversité fonctionnelle pour le cas d'Alana) et met quand même en relief un monde en contradiction où les règles sont souvent arbitraires et injustes, surtout pour ceux et celles qui en auraient bien besoin.
Je pense, à titre de libraire, que je trouverais des lecteurs et lectrices du lectorat intermédiaire de la 4e à la 6 année ( 9-12 ans) qui pourraient aimer le format court ( 210 pages de taille moyenne), le fait que l'histoire est en tome unique, avec des personnages atypiques et un monde de vampire relativement moderne. Tous les lecteurs de ce groupe d'âge ne carburent pas sur les séries et les pavés, et il se trouve que ces formats sont nombreux en Fantastique et Fantasy.
S'il ne m'a pas transcendé ou impressionné, il m'a tenue jusqu'à la fin et sans faire de fautes particulièrement notable.
Pour un lectorat intermédiaire du troisième cycle primaire, 10-12 ans.