Alone contre Alone est un road-movie post-apocalyptique diablement efficace
Alone contre Alone est la suite du très bon A comme Alone.
Pépé et Grise profitent sur une île déserte d'un repos bien mérité en compagnie de quelques amis Alones. Malheureusement, ce repos sera de courte durée. Un commando lourdement armé attaque l’île. L'expérience des Alones leur permet de l'emporter, mais non sans casse.
L'interrogatoire d'un survivant ne laisse pas de doute : ce commando en avait après Pépé et Grise. Se sachant pourchassés, ils devront retourner à leur errance afin de brouiller les cartes.
Dans un monde dévasté et livré à la barbarie, le danger vient rarement de là où on l'attend. En cherchant à fuir, Pépé et Grise vont se retrouver confrontés à un nouvel ennemi, bien plus redoutable que le précédent. Pour le vaincre, il leur faudra trouver de l'aide. Vu leur situation désespérée, toute aide est bonne à prendre, même celle de votre ennemi de toujours...
On retrouve dans Alone contre Alone le style direct et incisif qui a fait le succès du premier tome de la série. Et ça repart sur les chapeaux de roues, de l'action dès les premières pages.
Un peu inquiet au début de ma lecture, la faute à un affrontement avec le capitaine Crochet (et oui !) que j'ai trouvé un peu long et manquant de panache, je me suis finalement laissé emporter assez vite. L'intrigue est bien ficelée, les scènes d'actions très vivantes, l'humour croustillant et, cerise sur le gâteau, l'émotion est bien au rendez-vous dans ce monde de brutes !
« J'ai sorti ma carte routière Bison Futé, tandis que Grise scrutait l'horizon, assise sur un rocher. Je ne sais pas qui pouvait bien être ce fameux Bison Futé, mais je le remerciais d'avoir si bien cartographié la France.»
J'ai particulièrement apprécié le passage chez les Arkeos. Cette communauté très différente de celles rencontrées jusqu'ici est indéniablement une réussite. Dans un monde où les plus forts détiennent le pouvoir, cette communauté nomade contraste assurément. Cette petite démocratie née au milieu des décombres nous fait espérer en un avenir meilleur. Au travers de sa relation avec Solenn, la responsable des Arkeos, Pépé va apprendre à voir le monde différemment.
« Les Arkeos étaient quand même des doux-dingues, mais des doux-dingues super gentils. Un peu naïfs, plutôt. Au moins ils s'occupaient d'une façon originale. Ils s'étaient nommés ainsi en raison de leur « mission », et sillonnaient la France à la recherche de sites dotés d'un intérêt certain au niveau « archéologique ». J'avais eu quelque difficulté à bien saisir le but de leur « mission », et ça n'avait guère plu à Solenn quand j'avais comparé ce qu'ils faisaient à une simple razzia telle que je pouvais la pratiquer dans un village abandonné, si je cherchais, par exemple, à reconstituer mon matériel de survie.
- Mais pas du tout, Pépé ! avait-elle hurlé, alors que nous discutions autour d'un feu de camp. Nous tentons d'être impliqués dans la nouvelle Histoire de ce monde détruit. Nous voulons trouver et conserver en sécurité ce que la civilisation a eu de bon et créatif. Si tout cela disparaît, qui se souviendra que l'homme a pu un jour vivre autrement que comme un animal ? »
Pour compléter le tableau, les divers protagonistes de l'histoire sont très intéressants et souvent assez complexes. Thomas Geha nous dépeint une géopolitique complexe où il nous guide habilement jusqu'au dénouement final (où j'aurais aimé que Solenn soit plus présente, mais là, je chipote un peu).
Pour conclure, Alone contre Alone est un road-movie post-apocalyptique diablement efficace. Une lecture parfaite par une sombre journée d'hiver...
Il est à noter que A comme Alone et Alone contre Alone sont réédités aux éditions Critic dans une version intégrale revue et corrigée par son auteur .
Note : 7,5/10