American Gods c'est l'histoire d'Ombre, un mec fraîchement sorti de prison, qui après avoir rencontré Voyageur se retrouve embarqué dans une guerre de Générations qui oppose les Anciens Dieux aux Nouveaux. A l'image d'un road movie, Neil Gaiman - un auteur rompu au Fantastique et à l'Imaginaire - trimballera Ombre dans tous les Etats-Unis et de facto nous fera rencontrer une impressionnante galerie de personnages aux origines divines et folkloriques variées. Ainsi les divinités africaines, nordiques, germaniques, slaves ou encore arabes côtoient les représentations physiques d'Internet, des Médias ou de la Télévision. Mais n'espérez pas retrouver ces entités sous la forme de créatures mythiques et colossales car bien que certains traits de leur personnalité laissent deviner une origine divine, elles ont toutes une apparence humaine pour mieux se fondre dans la masse.
Neil Gaiman a énormément voyagé lors de l'écriture de ce roman et il le retranscrit parfaitement dans son oeuvre en multipliant les environnements réels mais également fictifs et teintés de fantastique. Cela fait d'American Gods est un roman dense et bavard. Peut-être même un peu trop. Certains passages tirent en longueur et donnent l'impression d'alourdir le déroulé d'un récit qui ne se presse pas pour se dévoiler. En effet, il faudra attendre le dernier tiers du livre pour bien cerner les motifs de la Guerre, du monde, mais également pour bien cerner le rôle d'Ombre qui a d'ailleurs bien conscience de n'être qu'un pantin. Comme Ombre, nous sommes spectateurs d'un conflit dont on cerne mal les enjeux mais on prend malgré tout plaisir à essayer de deviner qui est qui et surtout qui tire réellement les ficelles...
American Gods est probablement l'un des romans - si ce n'est le roman - les plus célèbres de Neil Gaiman mais force est d'admettre qu'il m'a un poil déçu. Bien que baignant constamment dans le fantastique et le surnaturel, j'ai trouvé qu'il manquait un peu de folie. Comprenez-moi bien, pour qui aime l'Imaginaire, Gaiman sait brosser dans le sens du poil avec des idées et des concepts aussi originaux que dépaysants mais dans la mesure où tout cela est noyé dans une trame et un univers contemporains, la magie peine à maintenir son intensité et se contente de cueillir ponctuellement le lecteur. Et puis je ne vous cache pas que j'attendais un affrontement titanesque avec des Dieux ravageant le monde en le plongeant dans le chaos le plus total et que ce moment n'est jamais arrivé...
Neil Gaiman a préféré dépeindre les contours d'une société multiculturelle qui continue (encore) de chercher le juste milieu entre anciennes traditions et modernité. Au fond, c'est un peu le vieux débat qui oppose les vieux aux jeunes. A qui la place ? Qui doit aujourd'hui être adulé ? Qui a le plus d'utilité ? Bien sûr ça reste en filigrane mais c'est somme toute intelligemment traité et cela ne vient jamais empiéter sur les personnalités bien trempées des différents personnages qui, d'ailleurs, emploient tous un langage jeune voire vulgaire qui ne laisse aucun doute sur la connotation contemporaine de l'oeuvre. Enfin, il est à noter - et c'est appréciable - que toutes les questions posées à un moment ou à un autre trouveront une réponse, mais également que tous les personnages rencontrés auront forcément un rôle à jouer.
Le voyage en compagnie d'Ombre fut indéniablement agréable mais malheureusement il ne m'aura pas autant fait rêver que ce que j'espérais. Reste qu' American Gods est une lecture à faire pour toutes celles et ceux qui recherchent un road trip littéraire dans des Etats-Unis en pleine transition structurelle et sociale.