"Portrait lucide et froid d'une Amérique autosatisfaite où l'argent, la corruption et la violence règnent en maîtres, American Psycho, qui fit scandale lors de sa parution aux États-Unis, est aujourd'hui un best-seller mondial." Dixit la quatrième de couverture.
Portrait froid est un euphémisme. Portrait lucide est une hérésie.
Euphémisme, parce que passer 513 pages dans un congélateur, incrusté dans un igloo, au Pôle Nord, est ce que j'ai ressenti en lisant cette horreur. Une narration à la première personne, et au présent, pour bien nous mettre le nez dans l'action, quand ce n'est pas dans le vagin d'une femme que Bateman est en train de dépecer.
Hérésie, parce qu'il est impossible de qualifier Bateman. Bateman est le néant. Même pas le dernier homme. Il est celui qui a perdu la dernière once d'humanité. Alors qu'Ellroy, dans Un tueur sur la route, nous renvoie à notre condition humaine, dans ce qu'elle a de pire, Ellis nous enterre. C'est la disparition.
Par ailleurs...Non, non, je vais vous épargner les descriptions intempestives de la bête noire des années "eighties" : LA MODE.
Enfin, réaliser, dans un ultime rebondissement, que tout cela ne s'est pas vraiment passé (fait que j'avais occulté avec le temps, je l'avoue), si ce n'est pas de la complaisance, je ne sais pas ce que c'est ! Mais bon, cela explique mieux le fait que Bateman puisse massacrer en toute impunité, sans que personne, à aucun moment, ne se rende compte de quoi que ce soit. Et cela permet à Ellis de se passer d'une intrigue digne de ce nom (dans mon langage à moi, ça s'appelle une fumisterie).
Bateman versus Batman : si c'est ça le Chevalier Noir, Christian Bale a été bien avisé de virer une voyelle.