American Psycho par floraboidot
Oeuvre écrite en 1991, je l'ai lue en 2011. Vingt ans après, elle apparaît à la fois étrange et contemporaine. Elle reste une sorte de mystère. Comme le dira Jean, sa secrétaire, à Bateman "Vous êtes mystérieux", à la fin du roman.
Le livre n'a qu'un début et qu'une fin théoriques. La chronologie n'est pas respectée, et on pourrait ouvrir le livre n'importe où, plutôt vers la fin, le milieu ou simplement, au début, ce qui est relaté est identique. Peu d'évolutions dans la psychologie du personnage, si ce n'est que le protagoniste, Patrick Bateman, 27 ans, riche, beau et intelligent, devient de plus en plus extrême. Ainsi, il est question de dîner dans de très chics restaurants, de lignes de coke dans las lavabos de clubs huppés, de costumes et portefeuilles griffés, de meurtres, de scènes pornographiques, de sarcasmes.
On n'a pas envie d'être l'ennemi de Bateman, mais on n'a pas vraiment envie d'être son ami : on voit bien que l'amitié n'est ici qu'une insignifiante comédie sociale.
L'oeuvre est puissamment déroutante : j'ai souvent refermé le livre, écoeurée par la narration et par les images données à lire au lecteur. Mais j'ai sans cesse repris la lecture, pour comprendre pourquoi ce roman est un chef-d'oeuvre.
La première phrase « Abandonne tout espoir, toi qui pénètres ici » fait écho aux derniers mots : « Sans issue ». Ce sont des inscriptions, des messages que Bateman lit, faisant penser à l'absurdité de la vie, à l'absence de sens de l'existence. L'absence de sens est ici aussi une absence de direction. Le narrateur ne nous mène nulle part, il nous trimbale seulement de restaurant en restaurant, de taxi en taxi, de lit japonais en lit japonais, de Wall Street à l'Upper East Side, de l'Upper East Side à l'Upper East Side. Manhattan est à lui : la ville, comme sa population semble lui appartenir. C'est son monde.
Je le recommande, mais pas à tout le monde. Personnellement, j'ai bien envie de le relire.