Charles Nancy, que tout le monde surnomme "Gros Charlie", mène une petite vie bien rangée. Il a une fiancée avec laquelle il projette de se marier, un job de comptable un peu chiant mais qui lui permet de vivre décemment et surtout c'est quelqu'un qui ne fait pas de vague. Un peu blasé de tout, il se contente de vivre bien tranquillement sans déranger personne. Enfant, il était sans arrêt ridiculiser par son père et cela il l'a mal vécu. Au fond, Charlie détestait son père qui, du jour au lendemain, a disparu pour mener une vie de bohème. Devenu adulte, Gros Charlie est bien content de ne plus avoir de nouvelles de son géniteur qu'il accuse d'être la source de tous ses maux (complexe d'infériorité, timidité abusive etc,) mais le jour où il apprend son décès et se rend à ses funérailles, sa vie va prendre un étrange tournant.
Gros Charlie découvre non seulement que son père était Anansi; le Dieu Araignée, incarnation de la malice et de l'espièglerie, mais également qu'il a un frère alors qu'il pensait être fils unique. A partir du moment où Mygal [vous la voyez la référence arachnéenne ?] débarque dans sa vie, l'univers de Gros Charlie s'effondre et débute alors pour lui une plongée en enfer. C'est là que réside le coeur du livre car Neil Gaiman va s'en donner à coeur joie en mêlant astucieusement légendes africaines, éléments de thriller et notions de fantastique. Le tout est enrobé avec une plume légère et malicieuse, comme pour rendre hommage à Anansi, la divinité Ghanéenne. Plus l'auteur fait avancer l'intrigue et détruit l'existence de Gros Charlie et plus il en profite pour brouiller les pistes entre rêve et réalité.
Car oui, Neil Gaiman c'est l'auteur de "Neverwhere", "De bons présages" (en coopération avec Terry Pratchett") "Coraline" ou encore American Gods [que je n'ai pas encore lu au moment où j'écris cette bafouille] et de ce fait, la fantasy, le fantastique et, d'une manière générale, l'imaginaire; ça le connaît ! A l'instar de "Neverwhere", il immerge le lecteur dans un conte mené tambours battants où les péripéties s'enchaînent et où le surnaturel n'est jamais très loin. Mais, conte fantastique Gaimannien oblige, il ne faut pas chercher dans cet ouvrage des notions de drama trop appuyées. Non, Neil Gaiman est là pour nous raconter une belle histoire et nous divertir. Et ça marche ! La lecture d'"Anansi Boys" est fluide car la plume de l'auteur est agréable. De plus il multiplie les clins d'oeil et les digressions humoristiques à la manière d'un Pratchett et cela aide énormément à poursuivre avec entrain une lecture dont l'intrigue est au fond un peu prévisible.
En conclusion, "Anansi Boys" est donc un roman très sympathique. Il se lit vite et bien et a le mérite de mélanger habillement les thématiques et les influences. Ce n'est pas mon roman préféré de Neil Gaiman mais ce qui est sûr c'est que ce livre confirme que cet auteur britannique est définitivement à suivre de très près car il a un talent énorme, ainsi qu'un don pour offrir à ses lecteurs de fabuleuses tranches d'imaginaire. A consommer, bien évidemment, sans modération !