Que dire sur cette somptueuse tragédie de Racine en vers et en alexandrins ? Et bien commençons par parler de ces alexandrins, justement ; le dramaturge maîtrise à merveille l'art de les composer, tout y est parfait : la métrique, les hémistiches, les césures, les sonorités, les rimes, etc. Un vrai travail d'orfèvre ! A tel point que j'ai lu la pièce à voix haute afin que mes oreilles puissent se délecter des sonorités extatiques qu'exhalent ces vers. Comment ça, j'en fais trop ? Bon, d'accord, quand j'aime j'ai tendance à être un brin excessif ; et alors ? Quel auteur récriminerait la dévotion portée à ses œuvres ? Quelle mère repousserait sa progéniture au prétexte d'une trop grande déférence ? Quelle femme refuserait un amour éperdu ? L'excès n'est pas forcément une tare. Mais je digresse, revenons à nos moutons.
Comme dans bien des tragédies (toutes ?), l'amour tient ici un rôle central ; c'est même la base de l'intrigue. L'amour mais également l'absence d'amour. En effet, les quatre personnages principaux sont tous épris d'une personne qui, hélas, ne partage par leurs sentiments. Oreste aime Hermione, qui est promise à Pyrrhus, qui veut épouser Andromaque, qui souhaite rester fidèle à son défunt mari. Les frustrations et les ressentiments découlant de cette chaîne amoureuse vont avoir des conséquences tragiques.
Je lis peu de pièces de théâtre en règle générale mais j'ai vraiment goûté celle-ci, magnifiquement écrite donc, mais également savamment construite. La tension monte crescendo au fil des échanges entre les différents personnages, pour aboutir à un final dramatique. Non, les personnages ne se marièrent pas, n'eurent aucun enfant et ne vécurent pas heureux jusqu'à la fin de leurs jours, et cela me ravi : je n'aime pas les contes de fées ! (Rire démoniaque.)