Commençons par une rapide mise au point contextuelle. Éris, seule déesse à ne pas être invitée au mariage du roi Pélée et de la nymphe Thétis, jette par dépit une pomme d'or dans la salle du banquet avec l'inscription « À la plus belle ». Zeus refuse de choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite. Les trois déesses demandent donc à Pâris, fils de Priam (roi de Troie) de désigner la plus belle. Chacune essaie de le soudoyer en lui promettant la puissance royale (Héra), la gloire militaire (Athéna), la plus belle femme du monde (Aphrodite). Pâris choisit Aphrodite et demande Hélène, la femme du roi grec Ménélas. L'enlèvement de cette dernière déclenche la guerre de Troie. Au cours de cette guerre, Achille, héros grec, tue Hector, héros troyen. Toujours pendant cette guerre Hermione, fille d'Hélène est promise à Oreste, fils d'Agamemnon (roi grec et frère de Ménélas) puis à Pyrrhus (fils d'Achille). A la fin de la guerre, Pyrrhus obtient la veuve d'Hector, Andromaque, ainsi que son fils Astyanax en "butin".
La tragédie se déroule après la guerre. Oreste est envoyé en Epire dont Pyrrhus est roi, pour ramener Astyanax qui constitue une menace. Mais Oreste est toujours amoureux d'Hermione, qui elle aime Pyrrhus, qui lui aime Andromaque qui elle déteste ce dernier, meurtrier de son époux Hector.
Pyrrhus, fils d'Achille ; Oreste, fils d'Agamemnon ; Hermione, fille d'Hélène. Les personnages annoncent la couleur. Chez Racine, les personnages de tragédie semblent être des enfants. Ici, ils sont étouffés par la renommée et la grandeur de la tragédie de leurs parents. Écrasés sous cette chape pesante, ils cherchent à exister par le biais d'un drame digne de celui de leurs géniteurs. Ainsi, chaque douleur, chaque joie, chaque évènement est exagéré.
Au-delà de l'histoire, le texte vaut évidemment pour la qualité exceptionnelle des vers de Racine. Un texte d'une poésie magnifique dont une célèbre allitération fait le bonheur de tous les professeurs de français : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »