Anima est atypique à plus d'un titre. Tout au d'abord au niveau de la forme : tantôt nerveuse (certains chapitres se limitent à une ou deux phrases!), tantôt plus longue et versant alors dans une immersion toute en nuances de gris, de désespoir, d'intense fatigue, de pas posés les uns après les autres sans en avoir le choix. Et puis le "je", changeant constamment au cours de l'ouvrage. La majorité des chapitres est racontée du point de vue d'un animal présent sur les lieux, avec ses points de vue, ce qu'on sait de sa psychologie, ses attributs et ses relations avec l'humain. On mue tout au long des pages. Et puis le fond de l'histoire, tout aussi captivant, avec cette impression de journées qui n'en finissent pas, d'être au bout du bout et qu'il faut encore et toujours avancer. Courir un marathon après trois jours d'insomnie. Mais également cette légèreté de l'homme qui n'a plus rien à perdre, d'une rencontre avec lui-même au fin fond de ses retranchements, d'une infinie tristesse à jamais insatiable. Certaines envolées plus philosophiques voire même spirituelles se voient clouées au pied du mur par des descriptions brutes, rebutantes et qui pourraient tirer le coeur d'un coup sec au bord des lèvres. Les dernières tranchées d'un homme que la vie a usé, manipulé, poussé à bout, érreinté. La beauté du sinistre.
** Kube#01