Que faire des fragments éclatés de son histoire?
Wajdi Mouawad est né au Liban, tout petit, il a fuit la guerre avec sa famille, d’abord en France, puis au Canada en s’installant à Montréal.
Aujourd’hui, Wajdi Mouawad est un dramaturge célèbre, qui a bouleversé le théâtre contemporain avec des thèmes qui lui sont chers. La famille, les origines, l’identité. Il nous livre des œuvres fortes, puissantes, en plein écho avec les tragédies antiques grecques. Sa tétralogie, Le Sang des Promesses (Littoral, Incendies, Forêts et Ciels) en est peut être le plus bel exemple. Mais Wajdi Mouawad ne s’arrête pas au théâtre. Anima est son deuxième roman.
Il commence par la découverte d’un meurtre particulièrement atroce. Wahhch Debch vit à Montréal, et un jour, en revenant des courses, il découvre le cadavre de Léonie, sa femme, enceinte qui plus est. Etendue dans le salon, baignant dans une mare de sang, violée dans ses blessures. Le meurtrier est rapidement identifié, il s’agit d’un amérindien nommé Welson Wolf Rooney. Malheureusement pour Wahhch, Rooney sert d’indic à la police sur une affaire très importante, son arrestation n’est donc pas à l’ordre du jour. Wahhch se lance à la recherche de l’assassin, non pas par vengeance, mais simplement pour mettre un visage sur un nom. Car Wahhch doute de tout, jusqu’à ne plus être sûr qu’il n’est pas lui-même le meurtrier de sa femme. Son errance va devenir une véritable quête, qui va d’abord le mener dans les réserves amérindiennes du Canada, puis dans un périple à travers les Etats-Unis.
Cette quête lui apportera des réponses douloureuses, bien au-delà de la disparition de sa femme. Ce sont ses origines qu’il explorera, mais aussi la folie humaine, qui atteint une violence extrême, insoutenable pour certains. Mais c’est aussi par son point de vue que le roman de Mouawad surprend, car cette quête, le lecteur la suit par la voix d’une succession d’animaux, témoins des errances de Wahhch. Parfois un chat, parfois un chien, mais aussi des animaux plus qu’inattendus nous confient leurs pensées. L’animal est ici le spectateur de l’homme, témoin, et parfois victime de sa violence. Tous ces animaux percevant une attirance étrange pour celui qui souffre. Ce choix est osé, et Mouwad nous propose un véritable exercice de style, malgré la violence de certains passages. Comme dans toutes ces œuvres, l’Histoire est un élément central à travers la recherche de ses origines.
Si vous cherchez un livre joyeux, passer votre chemin. Dans Anima, il n’y a pas d’espoir, seulement la violence des événements, reflet de l’absurdité du monde. Anima est un livre coup de poing, un vrai choc on ne sortira pas tout à fait indemne.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.