Anna Karénine par Carine H.
J’ai eu une période (relativement courte, certes, mais qui ne demande qu’à être prolongée) durant laquelle je ne lisais que des ouvrages d’auteurs russes. Je ne sais pas s’ils ont réellement quelque chose de différent, mais je les ai tous appréciés. Il était donc logique que je m’attaque à Anna Karénine.
Je me suis immédiatement attachée à Lévine. J’ai trouvé que suivre les cheminements de pensée de ce personnage m’aidait à clarifier ma pensée sur certains points (même si elles sont toujours floues, j’arrive à comprendre un peu mieux mes attirances politiques brutes). Le but n’était peut-être pas de s’y attacher, mais je n’y peux rien, j’ai été blessée lorsque Kitty ne l’a pas choisi en premier et s’est fait berner par l’apparence de l’autre, Vronski. La demande en mariage est adorable.
J’ai pu m’identifier en partie à Vronski et à Anna. Je trouve leur amour admirable et formidable. Surtout, le moment où Anna s’en rend compte m’a fait basculer de son côté, irrémédiablement. J’ai surtout pu comprendre Anna, je crois que je comprends les femmes qui n’arrivent pas à vivre pleinement comme elles le voudraient à cause de la pression sociale. Elle a commencé à m’agacer lorsqu’elle n’a pas su contrôler sa jalousie, mais qui suis-je pour la juger, moi qui ne serai jamais à sa place ?
Oblonski m’a fascinée. Tant de nonchalance dans un personnage, c’est terrifiant et attirant. Il a beau tromper sa femme, au fond il l’aime réellement. Je ne peux pas m’empêcher de croire qu’il ne l’aime pas et qu’il est simplement attaché au confort de son existence, au ronronnement tranquille de sa vie. Ce n’est pas un drame, c’est un bon vivant, c’est l’image qu’il m’a laissé.
Serge m’a paru être le personnage le moins réussi, justement parce qu’il a le défaut qui fait des autres leur meilleure qualité : il est trop fouillé. Il a une pensée qui me semble beaucoup trop complexe pour un garçon de 8 ans. C’est un trait que je salue réellement chez Tolstoï : il fait de très bons personnages.
En résumé, on pourrait dire que c’est une image de la société russe de la fin du XIXe siècle, entre le haut fonctionnaire qui trompe sa femme (au foyer et élevant plein d’enfants), l’agriculteur proche de ses paysans mais pas trop et qui n’a aimé qu’une bonne fois pour toutes, la femme de la société qui est déchue parce qu’elle assume trop son adultère. L’amour (encore lui, bien sûr) occupe une place prépondérante dans l’intrigue.
La fin m’a laissé un goût légèrement amer. La huitième et dernière partie m’a fatiguée, c’est surtout celle-ci que j’aurais aimé ne pas lire. En dehors de ce petit point négatif, j’ai été saisie toute entière par ce roman, alors que je savais parfaitement ce qui était arrivé à Anna (merci les professeurs de français qui racontent la fin des bons livres). Je retiens l’idée de la demande en mariage de Lévine, la panique qui a traversé Lévine lors de la naissance de son fils, le coup de foudre entre Vronski et Anna lors de leur première rencontre, les idées agricoles de Lévine, la bonté de Daria.
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