Anne Blythe n’est définitivement plus la petite orpheline arrivée à Green Gables pleine de cet espoir de trouver une famille et de ce désir d’être aimé. A la tête d’une famille de six enfants, son quotidien ressemble à celui d’une femme de son époque, partagée entre l’éducation de ses enfants, l’entretien de son foyer et les actions de charité et d’entraide.


Bien loin de ses aspirations de jeunesse, Anne semble se complaire dans cette vie de femme au foyer et avoir mis de côté ses désirs d’écriture ou d’émancipation. Si cela est quelque peu décevant, je me dis aussi que les femmes de cette époque n’avait pas vraiment d’opportunités de s’épanouir autrement et savoir qu’Anne a su trouver son bonheur dans un rôle qu’elle n’imaginait pas prendre nous la révèle un peu plus. Après tout, le désir de famille et d’amour qu’elle désirait tant sont désormais au cœur de son existence et il ne fait aucun doute que l’amour qu’elle donne à ses enfants lui est rendu au centuple.


Il m’a malgré tout manqué une plus grande complicité entre Anne et Gilbert, assez peu présent finalement, car trop occupé par son rôle de médecin de campagne. De même, si j’ai pris plaisir à retrouver Marilla, Diana et même Rachel Lynde, il est loin le temps où leur rôle était essentiel et seules quelques pages au début du récit ne leur sont accordées. Quelques pages, qui nous permettent d’ailleurs de retrouver Anne Shirley le temps d’un instant fugace.


Car ne nous y trompons pas, les héros de ce sixième volume sont Jem, Walter, Nan, Di, Shirley et Rilla. De chapitre en chapitre, d’année en année, nous suivons les aventures des bambins dans leur rapport à la vie, leur péripétie avec les animaux domestiques ou la recherche d’amitié, le tout bien souvent source de tristesse ou de déception. Car si les enfants sont élevés dans l’amour, la bienveillance et les valeurs de l’église, ils ne sont pas toujours très bien armés pour affronter le monde extérieur et les êtres fourbes ou malicieux, capables de s’amuser à leur dépens.


Il est heureux de retrouver en chacun d’eux un peu de la petite Anne Shirley mais à s’étaler sur autant de petits êtres, je me suis parfois sentie frustrée par l’absence d’une histoire plus solide qui nous permettrait de suivre tout ce petit monde avec plus de joie. J’aurais aimé, par exemple, pouvoir m’attacher à Walter qui semble avoir hérité de l’imagination fertile de sa mère, mais Lucy Maud Montgomery préfère s’attarder sur des épisodes anecdotiques qui tendent à se répéter et, malheureusement, à lasser.


L’écriture, bien qu’emprunte, parfois un peu trop lourdement à mon goût, d’une morale religieuse, reste très agréable à lire. Les descriptions de la nature sont autant de tableaux champêtres dans lesquels j’irai me promener. La poésie qui se dégage du récit, mais aussi des personnages reste un atout majeur dans le plaisir que je prends à lire chaque volume. Et Anne reste un personnage que j’affectionne tout particulièrement. C’est donc toujours un moment de douceur que de me plonger dans la suite de son histoire, même si j’y retourne avec un peu moins d’enthousiasme qu’autrefois.


La suite de la série est déjà dans ma PAL mais je vais prendre le temps de m’évader autrement avant de revenir à Ingleside et sa délicieuse Vallée Arc-en-ciel.




Ladythat
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le 23 févr. 2024

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