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le 31 janv. 2022
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Yasmina Reza a deux amours, le roman et le théatre, ses oeuvres dans les deux genres ont été couronnés de plusieurs prix. Alors quand elle les emmêle dans Anne-Marie la beauté, c’est un écrit bien court (et un court bien écrit) mais pourtant poignant et terriblement vivant qui nous est offert.
On le devinera au cours de la lecture, mais c’est face à des journalistes venus l’interviewer qu’Anne-Marie Mille adresse ce monologue qui fait revivre sa carrière de comédienne pour le théâtre. Son amour des planches va de pair avec son amitié pour une actrice à la carrière plus reconnue, Giselle Fayole. Anne-Marie restera dans son ombre, mais continuera longtemps à jouer, côtoyant certains noms qu’elle remet en valeur ou qu’elle égratigne. Les égos sont beaux, quelques regrets apparaissent mais les joies sont importantes.
En même temps que ses souvenirs de sa vie professionnel sont dépoussiérés, d’autres s’entremêlent, plus personnels, plus intimes ici. Y sont notamment évoqués son défunt mari ou son fils, qui vient lui rendre visite machinalement. La vieillesse est difficile, elle doit endurer son statut de personne âgée tel qu’il se réflète dans les yeux de son fils, et dont c’est à son tour de la materner, ce qu’elle a du mal à accepter.
Le texte de Yasmina Reza a cette écriture orale dont on sent les origines théâtrales, le texte doit être beau sur scène. On y ressent la psychologie des personnes âgées, dont les souvenirs sont parfois hésitants, parfois bien trop certains. Où les sujets dévient, s’entortillent pour mieux partir vers de nouvelles directions. On lit Anne-Marie comme on écouterait Anne-Marie, comme si elle se trouvait à côté de nous.
Elle nous emmène dans sa vie, dans sa chronologie désordonnée mais dont restent ses plus beaux souvenirs, hantés par sa vie sur les planches. C’est dit sans colère, mais dont on sent quelques douleurs et regrets évoqués avec pudeur. C’est dit avec une certaine joie, une légère fierté, celui d’avoir été une comédienne.
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Créée
le 26 févr. 2020
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