Dracula en pâleur et décadent...
Le vampire est à la mode. Mais le suceur de sang moderne est souvent jeune, musclé, entouré d'adolescentes et pétri de questions sentimentales.
Dans "Anno Dracula", c'est le mythe fondateur, celui de Bram Stocker, qui est revisité de brillante façon. Nous sommes en l'an de grâce 1888 dans l'Angleterre coloniale et Vlad Tepes est devenu Prince consort de la Reine Victoria. Il a mis au goût du jour le supplice du pal pour les ennemis de la couronne. Tout un programme !
Les non-morts sont légion et côtoient dans la vie quotidienne les sang-chaud. De toutes conditions sociales, les suceurs de sang exercent les mêmes métiers que leurs homologues vivants. On trouve donc des prostituées vampires. Un tueur rode et assassine ces dernières. On le nomme le scalpel d'argent. Une enquête est diligentée afin de le débusquer et le stopper. Bien des organisations, officines officielles ou plus occultes, ont intérêt à la résolution de ces meurtres sordides. Le parfum de l'aventure, agrémenté de celui de la putréfaction, flotte dans le fog londonien...
Les personnages sont pléthoriques (et que de noms connus parmi eux !), ciselés, passionnants à suivre, qu'ils soient humains ou non. L'ambiance est très particulière, pétrie d'histoire et de références. L'intrigue se lit sans déplaisir aucun. On pourra trouver certains passages un peu longs mais l'intérêt ne faiblit pas tout au long de la lecture. D'ailleurs, il croît même au fur et à mesure que le dénouement, inattendu, approche.
Une vraie surprise dans un genre plus qu'exploité et pas toujours avec bonheur. L'imagination de l'auteur n'est pas restée exsangue et c'est heureux.
Le second tome voit son histoire se dérouler en 1918. C'est avec hâte que je vais au pieu le dévorer !