J’ai trouvé ce livre en bouquinerie alors qu’on m’en avait parlé juste quelques jours avant, j’ai donc sauté sur l’occasion. Anno Dracula se présente comme la suite de Dracula de Bram Stoker, à un « détail » près : Dracula a gagné. Il a même bien réussi son coup, puisqu’au moment où le roman commence une bonne partie de la population londonienne est devenue vampire et il règne au côté de la reine Victoria, redevenue jeune grâce aux pouvoirs du vampire.
Dans le bas Londres, les jeunes non-morts sont indisciplinés, beaucoup assoiffés de sang et peu avertis des choses de la mort. La plus part des femmes se prostituent. Les sangs-chaud se vendent pour de l’argent, les non-mortes pour du sang. Les plus puissants de l’ancien monde comprennent que s’ils veulent rester dans la course, gagner encore du pouvoir, il leur faudra passer aux ténèbres.
C’est dans ce climat qu’apparaît Jack l’Éventreur, Scalpel d’Argent, bien décidé à tuer des vampires qu’il juge décadents.
Charles de Beauregard, membre de l’éminent Diogene’s Club est chargé de l’enquête, aidé de Geneviève Dieudonnée, une ancienne, c’est-à-dire une vampire millénaire, plus vieille que Dracula lui-même.
Ensemble ils affronteront le fog londonien, les complots des hommes comme des vampires, les trahisons, les déceptions et l’un des plus grand mystère de l’époque victorienne.
Lorsqu’on débarque dans ce roman, on est assailli par une foule de noms connus : Dracula, évidemment, tous les personnages de ce roman éponyme, Bram Stoker lui-même, Jack l’éventreur, Docteur Jekyll, Oscar Wilde, Sherlock Holmes, j’en passe, j’en oublie et il y en a que je n’ai certainement même pas reconnu ! Heureusement tous n’apparaissent pas physiquement dans le roman et sont juste mentionnés à titre de décors, sinon on aurait un peu eu l’impression d’étouffer !
Ce qui est intéressant dans ce roman c’est d’avoir repris le roman de Bram Stoker comme base pour écrire une histoire avec des vampires, plus proche des mythes classiques (on rencontre donc des vampires dégénérés, poilus, violents, bien loin des séducteurs beaux et immortels des derniers temps). Dracula règne sur le roman sans jamais intervenir en personne et les personnages du roman de Stoker ont une place importante plutôt amusante une fois remise en perspective. Les personnages de Geneviève et Charles sont plutôt sympathiques et attachants une fois qu’on les suit dans leur enquête.
Le gros problème de ce roman c’est qu’il est noyé dans le brouillard londonien. Je m’explique : dans tout le roman il règne un climat qui rend flou nombre de choses, les personnages semblent parfois se démultiplier, ainsi que les intrigues, parfois non résolues, donc on a parfois tendance à s’y perdre, en tout cas à moins s’attacher aux personnages.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ce livre, mais par moment j’avais l’impression que ça n’avançait pas vraiment, qu’il manquait peut-être un petit quelque chose. Peut-être est-ce dû au fait que nombre d’intrigues secondaires ne sont pas clairement résolues (peut-être le seront-elles dans la suite, mais à la base c’était une novella, auquel cas les personnages de Kate (pourtant mentionnée sur la très classe couverture poche) et Pénélope entre autre n’apportent pas grand chose et paraissent presque inachevés).
La fin est elle-même un grand coup de théâtre, mais trop brutale d’après moi, terminer aussi abruptement après de telles circonvolutions m’a quelque peu dérouté.
Je suis donc contente d’avoir lu ce livre, j’ai trouvé qu’il y avait de vraies bonnes idées, mais il y a également un petit je-ne-sais-quoi qui m’a empêché de le classer parmi mes coups de cœur. Ainsi que l’a dit un des chroniqueurs du site elbalkin.net : « le thriller vampirique du siècle ? Peut-être pas… Mais assurément l’une des plus belles contributions au genre ».