Trois ans après No Steak Aymeric Caron revient défendre les animaux et la planète avec un nouveau livre: Antispéciste. Alors que son premier ouvrage sur le sujet se centrait principalement sur le mode de vie alimentaire des végéta*ien.ne.s/véganes, dans Antispéciste il est plutôt question de notre éthique envers les animaux et leurs droits. Ce qui ne l'empêche pas d'aborder les questions de nourriture parce que bah c'est quand même pile poil dans le sujet!
L'antispécisme est un mouvement de plus en plus important dans notre société; celles et ceux qui s'en réclament considèrent que tout être vivant et sensible a le droit de vivre et surtout de ne pas souffrir.
Dans son livre hyper documenté Caron nous explique de A à Z toutes les implications de l'antispécisme, sa place dans notre société, passée, présente et future ou dans notre vie: culture, philosophie, science, génétique, .... Car l'antispécisme n'est pas un phénomène nouveau ni une lubie de la génération Y, elle puise ses racine très loin dans notre Histoire et beaucoup de philosophes, penseurs ou écrivains se sont penchés dessus; Camus, Freud, Jérémy Bentham (non pas le type de LOST, l'autre), Darwin, Gandhi, Kant, Tolstoï, Montaigne, Nietzsche, ... Dommage que pour beaucoup de ces personnalités leur combat antispéciste fut toujours passé au second plan.
Bien loin d'être le livre extrémiste dont certain.e.s l'accablent bien trop facilement, c'est un ouvrage d'une sensibilité sincère et aux arguments affutés.
Dans Antispéciste l'auteur démonte les uns après les autres les arguments des carnistes, viandards ou autres spécistes et démontre pourquoi il est inutile aujourd'hui dans notre société de surconsommation de continuer de tuer et d'exploiter les animaux. Des arguments la plupart du temps véhiculés par les grands lobbys du lait et de la viande pour que leur profits puissent continuer encore et toujours.
Et pourtant les raisons ne manquent pas pour enfin arrêter le massacre: que ce soit pour le climat, la faim dans le monde, la fin du gaspillage d'eau potable ou tout simplement notre humanité.
Caron va aussi plus loin que défendre la cause animale, il dénonce également les plus gros travers de notre société à commencer par l'hypocrisie des politiciens dit "écologistes", des véganes extrémistes, ou des inégalités dans le partage des richesses. Il se révèle alors un grand anticapitaliste. Mieux: il invente une VIe république: la république du vivant. Ça parait ridicule dit comme ça, certes, mais ses arguments valent la peine d'être lus.
Petit bémol cependant sur les comparaisons entre le spécisme et le racisme, et en particulier l'esclavage ou la Shoah. Sur ce point je pense qu'il est crucial de laisser parler les concerné.e.s, et d'après ce que j'ai lu d'elleux ça n'est pas un point très pertinent (à raison).
Une ode à la vie que ses détracteurs n'ont tout simplement pas pris la peine de lire il faut croire.
" Les défenseurs des animaux non humains, dès lors qu'ils sortent du cadre strict des associations de chiens et chats abandonnés, sont considérés comme des ennemis du système car ils en remettent en cause toute la logique. L'exploitation animale est l'un des piliers sur lesquels s'est construit le monde dans lequel on évolue. Faire cesser cette tyrannie implique de modifier nombre de pratiques industrielles et d'abandonner tous les emplois qui créent de la mort animale. Peut-on imaginer idée plus audacieuse? L'oligarchie fait corps pour empêcher cette éventualité qui menacerait sa domination, puisque les intérêts des uns sont liés à ceux des autres qui, à un moment ou à un autre, soutiennent activement l'exploitation animale. L'antispécisme a choisi la révolte contre la pensée ultra-dominante. Il n'existe pas aujourd'hui de cause plus révolutionnaire que celle de l'antispécisme. "
"C’est la raison pour laquelle l’exploitation animale ne saurait s’exercer dans de « bonnes » conditions dans un système capitaliste. A partir du moment où l’animal est une marchandise, l’exigence du marché est de la produire au moindre coût. Les normes de bien-être animal imposées dans les élevages par la loi, si minimales soient-elles sont perçues par les patrons d’élevage industriels comme du manque à gagner. Quant aux élevages à l’ancienne, ils disparaissent les uns après les autres, et la logique du profit n’y est de toute façon pas absente."
"5 millions d’enfants meurent de faim chaque année dans le monde. 900 millions de personnes souffrent de malnutrition. En raison du changement climatique, ce chiffre pourrait augmenter de 600 millions d’ici 2080. Pourquoi ? Est-ce parce que nous ne parvenons pas à produire suffisamment pour nourrir tout le monde sur la planète ? Non. Chaque seconde, plus de 40 tonnes de nourriture sont jetées à la poubelle sur cette planète. En tout, chaque année, un tiers des aliments produits sont gaspillés. Le souci n’est donc pas la fabrication des richesses, mais bien la répartition de ces richesses, qui elle-même découle de choix politiques."