Aphrodite et vieilles dentelles est le genre de livre qui attire discrètement le regard du lecteur flânant dans sa librairie. Avec son titre rappelant Arsenic et vieilles dentelles et sa "petite" culotte pour seule illustration, il sort du lot . Alors pourquoi résister ?
Parce que sa couverture et son titre ne sont les deux seuls atouts du livre. Sa tendresse, sa délicatesse et son humour teinté de gentillesse en font un livre qu'il fait bon lire. Sans action flamboyante (un voyage d'affaire au supermarché du coin restant quand même de l'action), sans scènes larmoyantes, sans crises mondiale, sans haine ni violence. Un petit livre pèpère en quelque sorte. Ou mèmère.
Mais soyons franc, si l'on aime sortir, faire la fête, vivre à 100 à l'heure, de temps en temps il est bon de se poser.
Aphrodite et vieilles dentelle nous conte donc l'histoire de ces deux vieilles filles, ces deux frangines qui ne sont jamais sortit de leur patelin et qui vive une petite existence réglée comme du papier à musique dans la vieille maison de famille. Journées rythmées entre le réveil, le café, les trajets aux toilettes dans le jardin ou au puit pour chercher de l'eau. Jusqu'au jour où un stockolmois vient racheter la maison voisine et bouleverser leur morne existence. Jusqu'à ce que les deux mamies se lancent dans le commerce d'élixir aphrodisiaque par correspondance dans le but d'installer des water closets dans leur petite maison.
Malgré l'inculture des deux frangines en ce qui concerne le monde moderne, malgré leur éducation stricte et leurs habitudes bien forgées, l'auteur porte un regard plein de tendresse sur ses deux héroïnes qui, malgré leurs handicaps, se montrent bien plus débrouillarde et entreprenante qu'on aurait put le croire.
Les aventures de ce livre consiste en des découvertes de la poste, des grandes surfaces et des marchands de spiritueux. Les drames des deux vieilles de savoir comment aller puiser leur eau ou l'aggravation des hémorroïdes de la plus jeune. Leurs joies ? Quelques piles de journaux destinés à la poubelle mais qui retrouveront une nouvelle vie comme paillasson ou papier toilette.
Des drames et des joies simples mais auquel le lecteur finit, comme ces deux petites vieilles, par donner de l'importance.
Pas de bling bling, pas de tapages, mes des scènettes touchantes et deux héroïnes attachantes au possible avec leurs manies et leurs principes datés et leur débrouillardise.
Un joli petit livre, reposant et qui se lit vite pour une petite bouffée de tendresse, ce à quoi il serait dommage de dire non en ces temps de grisaille. (Et puis cela vous rappellera qu'il faut aimer et respecter vos pipi room qui sont, vous en reprendrez conscience, une avancée technologique de premier ordre.)