What the fuck ?!
"What the fuck !" est sans doute la première chose qui me vient à l'esprit après avoir fini ce livre (et c'est plus chic que : "Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?"). Virginies, je t'aime bien mais...
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le 25 déc. 2011
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Il y a longtemps, j’ai méprisé Virginie Despentes. Je venais de voir son film, tiré de son livre, Baise-moi. Devant ce tas de purin, j’ai été pris d’une crise d’altruisme : j’ai acheté le DVD, un exemplaire du fim quoi, histoire d’épargner à une personne supplémentaire sur terre de devoir se le fader. Bon, depuis, j’ai jeté mon exemplaire. Faut pas déconner non plus.
Les années ont passé et, plein de miséricorde, j’ai voulu me pencher sur ses écrits, souvent encensés par la critique. Voir si je n’avais pas commis une erreur. C’est beau l’introspection. Mais ce cas, ça n’a servi à rien.
Le hasard a voulu que cet Apocalypse bébé échoie entre mes mains soyeuses et fraîches.
Plié en 2 jours, le livre a su conserver mon intérêt presque tout du long malgré mes incessantes râleries. Incessantes j’ai dit. Perpétuelles en fait. À chaque page quasiment.
Monté n’importe comment, Apocalypse bébé raconte, à la première personne, l’enquête « menée » par l’inconsistante Lucie, à la recherche d’une merdeuse pseudo bourgeoise disparue. Chaque chapitre est entrecoupé des portraits des différents protagonistes de l’histoire qui font à peine avancer l’intrigue, dans une narration à la fois omnisciente et implantée dans la tête desdits protagonistes. En même temps. Oui, c’est le bordel, on a un mal fou à se raccrocher à une structure solide. D’ailleurs, au bout d’un moment, c’est comme pour Baise-moi, j’ai baissé les bras, j’ai enchaîné les pages sans plus trop chercher à comprendre.
Dans le désordre, il faut évoquer ces personnages, plus chiants les uns que les autres mais dans un genre vraiment casse couilles, je veux dire, ils sont emmerdants, pas sympa, on peut pas s’identifier à eux, aucun, ils sont minables, fades, forcés, juste pas intéressants, dont on nous assène tous les détails de vie pénible et tirée par les cheveux, et dont on n’a pas grand chose à foutre, en plus du fait qu’ils ne font pas avancer le schmilblick.
Le père romancier (bah oui, c’est tellement original de trouver des romanciers dans la littérature, pourquoi s’épargner une caricature de plus ?) blasé qui veut baiser, la belle-mère acariâtre mais pas trop, le cousin relou, la bonne soeur… Et je ne vous dévoile pas tout, je vous laisse la surprise.
En tous cas, la galaxie complète est soit imbitable, soit détestable. La narratrice par exemple est un personnage fade, sans intérêt, inconsistant (je l’ai déjà dit non ?), incompétent et lourd. Ah, et moche aussi, apparemment. Tel autre est à la fois arrogant et donneur de leçon. Personne n’est épargné, tout le monde saccagé.
Après les personnages, il y a le scénario, celui qui rassemble tous ces emmerdeurs incohérents. Tiens, en parlant d’incohérence, ça m’a interloqué un poil que la débile de service qui se voit confier une super enquête, se tourne immédiatement et alors qu’elle ne la connaît pas vers la Hyène, ce personnage légendaire dont la vie semble si trépidante et que cette dernière accepte de l’aider sans autre formalité. Voilà comment ça commence : par un truc qu’on comprend déjà pas à la base parce que ça n’a aucun sens. Ne vous rassurez pas, la suite et tout le reste du bouquin sont à l’avenant. On enchaîne sans ellipse aucune toutes les étapes chiantes d’une enquête à deux balles. Franchement, Derrick à côté, c’est de la balle.
Ça continue sur les 343 pages de l’édition Grasset du bouzin, jusqu’au moment où en deux phrases on recolle les morceaux d’un puzzle restés épars en se disant que le lecteur en a bien marre de suivre ces deux connasses partout, pour rien, jusqu’aux chiottes et qu’on va lui épargner trois chapitres supplémentaires qui ne serviraient de toutes façons à rien (sur ce point, c’est bien joué) en considérant que ça y est, c’est bon, on a fait le tour de la question, tout rentre dans l’ordre, on peut passer à l’épilogue et au twist, qu’on voit venir comme un camion rouge au milieu de la figure dans un magasin de porcelaine.
Enfin, restent les tics de l’auteure. L’obligation de glisser de la grossièreté partout, de la fausse subversion provocante pour faire genre livre noir, artiste torturée (du sexe, de la violence, des gros mots). Une partouze, des réactionnaires, un peu d’islam, des lesbiennes (très important ça, les lesbiennes), des poncifs.
Si on rajoute à ça que le sujet du bouquin, l’enfance désabusée et désespérément lucide, a déjà été traitée ailleurs, et de bien meilleure manière (Lunar Park de Bret Easton Ellis notamment), on se dit que cet ouvrage, comme son ancêtre (Baise-moi), n’a pas grand chose pour lui. Et de fait, il faut se rendre à l’évidence. Apocalypse bébé n’est pas bien écrit, il est incohérent et vulgaire. Il a pour lui, dans sa première partie du moins, un pitch relativement efficace, quelques saillies bien senties, et une auteure sulfureuse qui fait vendre sur son nom, ses polémiques, ses outrances et son drame personnel.
C’est juste qu’avec des histoires aussi mal branlées, superficielles et bancales, on se dit qu’on est passé à côté d’une belle histoire, d’un bon auteur parce qu’on lui a préféré… ça.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Quand le livre français fait aussi bien que le cinéma français... et Lu en 2015
Créée
le 10 août 2015
Critique lue 930 fois
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