Il y a chez cette romancière débutante quelque chose en elle, sinon du Tennessee, du moins du sud des Etats-Unis. Dans l'atmosphère poisseuse d'une journée où a lieu une rencontre improbable entre un révérend sentencieux et charismatique, qui n'a que le Christ à la bouche, et un garagiste du bout du monde, athée et taciturne. Ce sont les deux personnages principaux d'Après l'orage, chacun flanqué de leur progéniture, une fille et un garçon, adolescents. Sans oublier une palanquée de chiens et des horizons désolés, accablés par une chaleur plombante. Il n'en faut pas plus à Selva Almada pour planter un décor, avec un talent de tous les diables, et faire progresser l'action avec une lenteur sublime, comme dans un western de Sergio Leone. Les conflits qui peuvent mener à la violence, la révolte des deux plus jeunes, les stigmates du passé, tout est comme absorbé par un paysage plus grand que nature. Après l'orage est mieux qu'une révélation, il donne le sentiment qu'une auteure majeure, une de plus dans la riche littérature argentine, est née.