Le sarkozysme comme symptôme de la crise démocratique

Il y a du bon et du moins bon dans cet essai d'Emmanuel Todd qui est très attaché, au moins par certains aspects, à sa date de rédaction- 2008, après l'élection de Nicolas Sarkozy et le succès du non au référendum sur la constitution européenne de 2005. Todd part du sarkozysme pour essayer de comprendre en quoi ce dernier est symptomatique des difficultés de la démocratie en France avec plus ou moins de succès.

Le bon: la thèse de Todd sur l'alphabétisation comme source de la démocratie, assez convaincante et au-delà, sur le niveau éducatif français, qui en restant lucide sur les difficultés que celui-ci rencontre - notamment l'émergence d'une classe de diplômés assez pauvre - est intéressante.
Intéressante aussi est la thèse de Todd entre les structures familiales, la pratique religieuse et les orientations politiques qui se seraient progressivement dissoutes dans les années 1980 et la disparition parallèle des structures idéologiques du christianisme conservateur et du communisme.
A une époque antérieure à la crise de 2008, il faut saluer aussi une lucidité sur la remontée des inégalités économiques et sociales en cours déjà à l'époque, les difficultés que posent l'accroissement du libre-échange- il est vrai avec un pessimisme assez marqué sur le sujet. Cependant la montée du rejet de ces politiques au sein de la population semble assez bien fondée.
Autre point positif, une analyse éclairante sur le fait que, même en démocratie, un ciment ethnique, xénophobe de la collectivité est parfaitement envisageable.

Pour le moins bon, outre des règlements de compte assez méprisants vis-à-vis de penseurs différents- notamment les économistes adeptes du libre-échange, le livre présente l'inconvénient d'être trop centré sur les spécificités électorales et politiciennes de l'époque- même si les contradictions relevées entre le discours sarkozyste contre mai 68 et le fait que leur auteur semble directement en découler n'ont pas pris une ride.
A retenir aussi, les trois thèses de fin sur l'avenir de la démocratie en Europe - le protectionnisme européen (sans le Royaume Uni), la suppression du suffrage universel (si,si) et la république ethnique ne se sont pas vraiment toutes révélées exactes, mais que plusieurs éléments combinés de la première et la troisième semblent effectivement se retrouver, 13 ans plus tard.