Court roman intense aux allures autobiographiques, "Arrête avec tes mensonges" tient du déballage, de la confession intime. La vérité émouvante et crue d'un amour de jeunesse entre deux adolescents qui se révèle en réalité être l'amour de toute une vie.
Beaucoup de personnalité dans la narration ; pas mal d'ego dans le style. Une première lecture de Philippe Besson qui me laisse partagée, ayant beaucoup apprécié la première moitié du livre, beaucoup moins la seconde. C'est hélas toujours un peu frustrant des débuts triomphants qui laissent place à un toboggan au bout duquel vous vous retrouvez le cul dans le sable.
Le talent est là, indéniablement, l'écriture n'est pas loin d'être brillante mais je me lasse - même au bout de si peu de pages - d'un style trop maniéré et qui donne cette impression désagréable et malheureusement de plus en plus fréquente que l'auteur se regarde écrire. Un exemple concret : je ne supporte pas quand un auteur explique entre parenthèses pourquoi il utilise ce mot plutôt qu'un autre, ça me donne l'impression d'être idiote et que l'auteur n'a pas confiance en moi pour lire entre les lignes, pour comprendre sa pensée profonde. Est-ce que Victor Hugo expliquait pourquoi il utilisait tel ou tel terme ? Non, il faisait confiance à ses lecteurs et aux profs de français.
Sinon, au-delà de ce point stylistique, certes capital pour apprécier un roman mais qui peut ne pas nuire complètement à la narration, j'ai apprécié l'histoire d'amour entre Philippe et Thomas. Son traitement est sensible, émouvant ; j'ai été touchée par leurs élans, leurs craintes, leurs pudeurs, leurs transports. L'amour homosexuel dans les années 80 est un thème que je ne connaissais pas et qui m'a intéressée.
Au final, je pense que si Philippe Besson ne m'avait pas donné l'impression d'être imbu de lui-même, de sa réussite et du fait qu'il se soit extirpé de sa province, s'il n'avait pas un amour inconditionnel des synonymes, et s'il ne m'était pas apparu aussi attaché aux signes extérieurs de bohème parisienne, je pense que j'aurais passé un excellent moment mais, en l'état, il fut seulement plaisant. C'est le risque quand la frontière entre auteur et narrateur est si mince, le lecteur, voyeur par essence, place toujours la barre un peu trop haut et il attend alors une mise à nu complète, pas un rôle, aussi bien joué soit-il.