Roman noir dans la Série Noire d'Ange Bastiani (de son vrai nom "Le Page" …) ; sacré numéro, le gazier dont on comprend comme Albert Simonin, José Giovanni qu'ils ont un passé trouble moins que clair. Plutôt sombre, quoi. Comme Albert Simonin, Ange Bastiani est un maître de l'argot des truands. Y a un lexique à la fin.
Ange Bastiani avait attiré mon oeil, à l'époque, par ses titres ravageurs et pas tristes. Celui qui nous occupe aujourd'hui est assez intrigant mais aussi les titres de "Polka dans le champ de tir", "le pain des Jules", "des Immortelles pour Mademoiselle" qui sont dans mon programme de relecture et de commentaire sur SC.
Le sujet du roman est un récit à la première personne d'un truand qui s'appelle Ange. Comme le romancier, le héros n'a, je rassure le lecteur, rien d'un ange. Enfin, je pense car je ne sais pas au juste à ressemble un ange, ni si ça existe. De même que le roman n'a rien du péplum. Je crois d'ailleurs comprendre le jeu de mots du titre comme "arrête ton charre"
Le "Ange" en question, qui sort juste de taule, fait partie d'une bande de truands corses et marseillais investis dans la came, le proxénétisme et d'autres affaires louches comme une certaine serviette pleine de documents. Mais ces activités, très lucratives, sont menacées par une bande rivale menée par un rital, Raffaélo.
"Si Raffaélo, le sicilien, était revenu promener ses nougats à Marseille, il y avait des chances pour que ce ne soit pas spécialement pour faire un pèlerinage à la bonne Mère ou se taper une bouillabaisse chez Basso."
Ce qui est curieux dans ce roman, c'est que Ange (le héros ou l'auteur) n'hésite pas à défourailler ou même à frapper hommes ou femmes. Voire plus si affinités. Si l'auteur, c'est le héros, alors ce sont des aveux caractérisés.
Les femmes ! N'en parlons pas, elles sont féroces ou câlines, mais presque toujours camées et leur dur métier leur ont appris ce que c'est la vie et surtout la "valeur" des hommes …
… la Barbara, rapport que pour la classe et le jugement, elle était plutôt de l'étage au-dessus. Selon les uns, le grand l'aurait pêchée dans un claque de Shangaï et aurait buté cinq ou six bonshommes pour s'assurer de l'exclusivité de son anatomie. Selon d'autres, elle était fille de général. Georges l'aurait levée un jour à Paris, dans une boite où elle était venue vider une coupe de champe avec des amis et il aurait oublié de la rendre à sa famille. D'autres encore baratinaient que le grand avait peur d'elle. Moi, ce que je savais, c'est qu'à la mirer, j'avais envie de becqueter mon chapeau.
Un roman, noir digne de figurer dans la prestigieuse collection. Un roman parfois amusant, toujours très dur, aussi …