D'abord paru en 1983 puis en 2003 en Folio Policier, épuisé par la suite, j'peux te jurer que t'es content d'avoir des éditeurs qui déterrent des trésors comme ça minou !
Du roman noir comme t'en as rarement lu. Ou p'tête pas, mais comme il a été écrit en 1937, et sous forme de feuilleton la première fois, tu peux te dire que sans lui on aurait pas eu toutes les histoires de magouilles que t'as pu lire ou voir au cinoche (et moi j'ai pensé à Sexcrimes tout du long).
Roman noir, pas polar, ni thriller. L'Homme dans tout ce qu'il a de plus cupide, la course au fric, aux magouilles intelligentes que génèrent le meurtre et la trahison. Mais pas que.
Crois-moi si t'as aucune idée de comment fonctionne une compagnie d'assurance vie, c'est pas de lire ça qui va te donner envie d'y souscrire.
Walter, c'est lui qui raconte l'histoire. En fait il raconte comment tout a commencé, aidé d'articles de presse sous une forme que j'peux pas te dire sinon j'te nique la suite de l'histoire...
T'en vas pas !! Tu vas en avoir pour ton billet !
Il raconte surtout comment lui, agent d'assurance, est rentré en contact avec Phyllis, après avoir voulu souscrire une assurance vie au mari de cette dernière.
Le plan classique. Ils tombent morgane (en deux-deux, ça rigole pas dans les années 40, tu sens le côté Hollywood derrière quand même pour romancer la sauce), établissent un plan pour se débarrasser du mari, tissent leur grosse toile en béton afin d'y attirer la proie et.
Et là y'a tout qui se barre en sucette. Tu sais plus à qui tu peux faire confiance, les personnages interviennent au poil (mais sans se foutre de notre gueule) afin de foutre un bordel monstre dans le plan établi.
C'est ça que j'ai kiffé, cette noirceur holywoodienne, exactement comme le plan que montent Neve Campbell, Denise Richards, Matt Dillon, Kevin Bacon et Bill Murray dans ce fameux Sexcrimes (ok, il a mal vieilli mais ça reste un gros kiff du début des années 2000 pour moi).
S'il te faut encore de l'argument pour te convaincre j'te balance une réplique qui donne le ton :
«J’ai su alors ce que j’avais fait. J’avais tué un homme. J’avais tué un homme pour obtenir une femme. Je m’étais mis en son pouvoir, de sorte qu’il y avait une personne au monde qui, si elle me pointait du doigt, causerait ma mort. J’avais fait tout ça pour elle, et je ne voulais plus jamais la revoir aussi longtemps que je vivrais. C’est tout ce qu’il faut, une goutte de peur, pour tourner l’amour en haine.».
Si t'es un vrai dur à cuire et que t'as encore besoin d'autres atouts, sache que la postface est signée par François Guérif qui te donne un petit cours sur feu James M. Cain (j'vais pouvoir m'asseoir sur une dédicace mon pauvre minou). Le mec a donné Le Facteur sonne toujours deux fois, si t'es câlé niveau cinoche ça doit forcément te dire quelque chose (fais gaffe, si t'es né comme moi dans les 80's, confonds pas avec Le téléphone sonne toujours deux fois, qui a du faire rire une ou deux fois un dimanche soir d'un mois de novembre, avec les Inconnus dans les rôles principaux).
Dernier argument mais non pas des moindres, si t'as lu tout Camus (le mec sans qui Killing an Arab de The Cure n'aurait pas vu le jour au top50), sache qu'il s'est inspiré de ce roman pour écrire l'Étranger. Sisi. Ça t'en dit long sur la qualité d'écriture ET du scénar' !
Des romans noirs comme ça je pourrai m'en becter un par jour tellement c'est bonnard !