Ce titre est un petit leurre. On met du temps à s'en rendre compte parce que l'histoire commence belle et bien sur le changement de régime de Yonghye, régime qu'elle suit comme une évidence depuis qu'elle fait des rêves sordides.
Le premier chapitre est raconté par son mari, un mec assez abjecte et old school qui nous fait comprendre qu'il a choisi Yonghye pour femme, parce qu'elle était tout ce qu'il y avait de plus banal à se mettre sous la main. Alors forcément quand t'es traditionnaliste et que ta femme se met à dérailler ça la fout mal. Ce premier chapitre prend donc le ton de victimiser le mari, qui n'hésite pas à mêler la famille de Yonghye pour résoudre son problème et l'obliger à revenir à la "normale".
Le deuxième chapitre est raconté par le beau-frère de Yonghye, obsédé par ce qu'on appelle la tache Mongolique, une tâche de naissance un peu grisâtre que l'on retrouve chez certains peuples asiatiques et qui disparaît à la naissance. Il s'avère que Yonghye en a une et le beau-frère raconte sa descente aux Enfers suite à l'obsession de vouloir posséder la soeur de sa femme. Comprenant que celle-ci est attiré par tout ce qui touche au végétal, il va permettre à Yonghye de se "transformer" dans le seul but d'arriver à ses fins.
Le roman se clôt à travers la voix d'Inhye soeur de Yonghye, qui séjourne dans un hôpital refusant catégoriquement de se nourrir, pensant qu'elle peut vivre uniquement en buvant de l'eau et en s'exposant au soleil.
Les divers thèmes abordés ici prennent donc pour départ un changement radical dans une société où tout doit être contenu, millimétré, qui fonctionne grâce à des valeurs et dont tout chamboulement provoque l'indignation, le déshonneur et la folie. Il règne dans ce roman une dimension érotique forte mais assez déroutante dans sa manière de trouver son apogée dans le végétal.
On ne se sent pas souvent à l'aise à la lecture. D'abord peiné ou désolé pour la vie que mène Yonghye à cause de son mari buté et incapable de la comprendre. Un peu excité par la folie artistique et malsaine du beau-frère, et enfin touché par l'amour d'une soeur qui endossera toutes les responsabilités possibles.
La Végétarienne n'est pas un livre que l'on peut conseiller à tout le monde, il est de ces romans sur lesquels on tombe par curiosité et qui nous plonge dans un sas dénué de repères occidentaux. J'ai beaucoup aimé parce que je m'y suis senti malmené. Pas parce que j'en suis tombé sous le charme.
Read and see !