Nouveau roman de Catherine Dufour, qui ces dernières années, fait son grand retour en littérature adulte en général, et en littérature de l'imaginaire en particulier.
Alors je parle bien de littérature de l'Imaginaire, mais ce roman est sorti au Seuil dans la collection Cadre Noir, qui regroupe plutôt des polars (et le roman est vendu comme un thriller / polar sur leur site). Alors qu'est-ce que quoi ?
Et bien je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé, mais ce roman, s'il peut être assimilé à un polar (à la marge), c'est surtout une histoire de fantômes !
Le jury du Prix Imaginales des bibliothécaires ne s'y est d'ailleurs pas laissé prendre, puisque le roman figure parmi les finalistes du prix.
On y suit Claude, une femme sans emploi, sans droits aux indemnités chômage et sans domicile (elle vient d'être expulsée de chez elle) qui décide d'accepter un job de détective privé qui lui a été proposé par erreur.
À charge pour elle de découvrir ce qui est arrivé à une famille américaine disparue lors de son séjour en France. Claude loue donc le même logis que ladite famille, et débute son enquête.
Comme déjà dit, il s'agit d'une histoire de fantômes, et sans surprises, la maison de location s'avère être hantée par une foultitude d'esprits pas vraiment bien intentionnés. Claude décide donc, après une bonne nuit de frayeur, qu'entre elle et la maison hantée, la guerre est déclarée !
Le roman est très réussi. Les scènes de hantise sont très bien, le ton de la narratrice juste ce qu'il faut de grinçant et le récit captivant. On sent à travers ces lignes à quel point l'autrice a fréquenté les bibliothèques auxquelles elle rend un touchant hommage dans le roman, mais aussi son engagement politique. Les questions sociales (précarité, féminisme en tête) sont au cœur du roman.
J'ai beaucoup aimé un point particulier du style du roman un peu particulier. Et je vais devoir spoiler un peu, donc bon...
Au bout d'un moment, Claude comprend que l'esprit qui hante la maison et dirige l'ire des autres fantômes, craint les jurons et autres insultes. Elle se met dès lors à jurer comme une charretière à chacune de ses rencontres avec des fantômes, mais Catherine Dufour refuse (pudiquement ?) de les écrire noir sur blanc.
Et je me suis demandé si, d'une certaine manière, ce n'était pas une façon de ne pas exorciser le lecteur en même temps que les fantômes, un peu comme si elle nous incluait dans le groupe des esprits rôdant autour de sa narratrice.
Je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, mais l'idée me plaît.
Bilan des courses : un très bon roman de Catherine Dufour, très plaisant et dont la fin m'a positivement ravie !