Le Deus Ex Machina de la mort qui tue
[Spoilers inside]
Clifford D. Simak m'avait littéralement fait fondre de plaisir avec "Demain les chiens", et c'est donc sans aucune crainte que j'ai jeté mon dévolu sur "Au Carrefour Des Etoiles" ("Way Station" en VO), m'attendant à faire la connaissance d'une nouvelle perle de la SF américaine. C'est peut-être pour cette raison que je suis sorti assez déçu de ce bouquin. Peut-être que j'en attendais trop.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas encore eu le temps de dire : "Way Station" demeure tout de même un très bon cru. Le pitch de départ est exploité en profondeur, avec une finesse et une sensibilité de l'auteur que j'avais déjà remarqué en lisant "Demain les chiens. On reconnait également le style de Simak à travers les très nombreuses réflexions philosophiques sur l'Homme, sur son avenir et sa place dans l'univers. Et comme pour "Demain les chiens", le symbole majeur de "Way Station" est la paix, comme en atteste le personnage principal, qui se sépare de son fusil à la toute fin du roman, et qui rêve, pendant l'ensemble du récit, d'une civilisation unique entre toutes les races de l'univers, d'un melting pot à l'échelle de la Galaxie.
Cependant, "Way Station" regorge de longueurs assez inutiles et assez frustrantes, surtout quand on voit que le roman n'est déjà pas bien long. On peut même trouver des passages assez compliqués à comprendre et qui handicapent la compréhension finale de l'oeuvre dans la mesure où ils sont nécessaires afin de comprendre le dénouement finale : perso, j'ai mis du temps à piger ce qu'était ce fameux Talisman...
Le Deus Ex Machina final m'a également froissé. L'auteur met tout d'abord avec brio le personnage principal dans un dilemne absolument fantastique où il doit choisir entre la Terre et l'Univers. Puis le dénouement final réduit ce dilemne à néant puisque tout s'arrange pour Enoch Wallace : comme par hasard, sa voisine est juste le seul être dans toute la galaxie à pouvoir ramener la paix entre toutes les races, et notre ami Enoch Wallace, non content d'avoir beaucoup beaucoup de chance, se voit offrir la possibilité de conserver à la fois sa bonne vieille Terre, de la sauver d'une future et probable destruction, et de l'intégrer à l'Univers tout entier. Une happy end très facile, comme si un cheat code avait été entré pour ne pas finir le bouquin sur une note toute tristounette.