Je ne me sens jamais trop perdu quand je lis une histoire d'Hemingway : c'est quasiment toujours des ritournelles de vieux gars qui en font trop, jusqu'à crever ou finir fou ou bien estropié, dans tous les cas amers ou désespérés ; là on est au bout du chemin dès le début, ça économise les descriptions d'efforts absurdes pour garder la face, pour "faire sa vie". Non, l'épuisement appartient désormais au passé, il n'y a plus d'énergie pour la gaspiller ; chronique d'un suicide annoncé en quelque sorte. Quand les guerres sont terminées, les combats inutiles dilapidés il ne reste pas grand chose à part bien sûr la picole, la bouffe, canarder des oiseaux ou se taper des jeunettes pleines de fric.
Tous ces efforts, toute cette débauche d'énergie pour, au bout du compte, confirmer bel et bien qu'on va tous crever, et dans la douleur. On pourrait quand même s'épargner de massacrer sur le chemin des gens, des poissons et des lions pour s'en rendre compte ? Ben non, quand on vit, quand on a la chance de vivre, autant faire n'importe quoi n'importe comment ! Hemingway est l'homme typique du XXe siècle en somme ; espérons qu'on ait évolué depuis (j'ai un petit doute...)