Pour ce qui est de In the country of last things, il me semble impossible de faire un compte-rendu, pas même en abandonnant l'idée d'être exhaustive de ce que j'ai ressenti en lisant ce livre, mais quelques impressions demeurent. Un journaliste du Washington post book world décrivait cet ouvrage comme « one of the better modern attempts at describing hell » et dans une certaine mesure je suis d'accord avec cette critique. La première partie du livre donne en effet à voir un monde où tout espoir est vain. Mais dès que des noms, des personnages apparaissent, j'y vois plutôt une description de ce que les gens deviennent lorsqu'ils sont poussés à bout, aux limites de ce que l'homme tel que nous le concevons dans nos sociétés occidentales peut supporter. Certains sont effectivement en enfer, morts à l'intérieur, attendant simplement que le corps suive. Mais d'autres tentent encore, d'abord de survivre mais aussi de donner un sens à leur vie, d'aller de l'avant. Le personnage de Victoria est celui qui, pour moi, fait le lien entre ces deux types d'individus. Car certes elle essaie de toutes ses forces de maintenir de l'espoir, du bien-être dans une ville qui marche vers sa ruine. Mais n'est-ce pas le problème ? Elle s'accroche à un monde, à des valeurs qui sont déjà mortes, sans doute avec son père. Elle ne survit que grâce à cette obsession, et si elle ne meurt pas avec Woburn House, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle disparaît avec lui. Le monde auquel elle croit est mort.
La véritable raison pour laquelle je me suis assise devant mon clavier est que je me suis trouvée face à une forte contradiction. Une contradiction essentielle à ce livre. Anna y dit que la ville n'a aucun sens, que l'on ne peut y prévoir des choses comme le temps qu'il fera. Et c'est pour cela qu'il m'a paru nécessaire de souligner l'artificialité de l’œuvre mais sa vérité pratique. Selon moi tout est prévisible, n'a pas de sens mais demeure prévisible. Le problème se pose quand on considère les moyens limités que possède l'homme pour déterminer dans quel sens le vent soufflera, une question que pose Auster en décrivant les différents groupes de la ville et leurs interprétations des intempéries. Mais là encore je ne peux être en accord avec aucun d'entre eux. Contrairement à Anna ce n'est pas parce que je pense qu'elles interviennent au hasard mais parce que ces gens s'en remettent à une puissance supérieure au lieu d'accepter que l'on ne peut comprendre ce qui est prédéterminé. Ou peut-être que je me trompe, ma mémoire me fait défaut, certains sont sans doute du même avis que moi. On en arrive ainsi à la question finale que je me pose sur la première partie cet ouvrage, est-il une fiction pure ou ne représentation hyperbolique du chaos apparent du monde dans lequel nous vivons ?