L'histoire du voyage d'Anna Blume, une jeune femme issue d'un milieu bourgeois qui part dans une ville apocalyptique dans l'espoir d'y retrouver son frère journaliste y étant partis plus tôt. Très jeune et peu alerte sur les conséquences de son choix, elle est très vite confrontée aux dures réalitées du monde qu'elle pénètre. Une histoire qui nous est racontée par cette jeune femme sous la forme d'un monologue déposé sur une longue lettre faisant le roman.
Dans les premières pages de ce livre, on rencontre alors cette jeune femme pas si soupe au lait que ça et un réel enchantement découle de cette rencontre. Par une écriture douce, vivante et vrai, elle nous dévoile de manière forte ce monde dystopique dans lequel elle nous fait entrer. Et ça fonctionne ! Anna Blume, une femme qu'on croirait avoir réellement existé, qu'on croirait même avoir connu et réellement perdu dans cette ville des choses dernières. C'est ici que réside selon moi la grande réussite de Paul Auster dans ce roman : celle d'avoir réussi à créer l'impression de lire une longue lettre que nous aurait écrit, à nous, cette femme ; une lettre dont on aimerait être l'heureux destinataire ayant eu la chance de connaître cette femme.
Ma première lecture de Paul Auster. Récemment décédé, un espace lui était dédié au sein d'une petite librairie du port de Saint-Martin-en-Ré. Une quatrième de couverture laissant penser à la rencontre possible avec une femme intéressante, et une lecture confirmant initialement, comme je viens de l'expliquer, cette attente. Le fond étant tout de même inspirant, la forme de ce livre est un réel succès.
Malheureusement dans un second temps l'histoire s'enlise et devient fade. On s'écarte de ce qui est initialement bien décrit sur ce monde en déperdition pour atterir dans une histoire sans grande originalité, avec quelques incohérences désagréables nous emmenant finalement à perdre l'illusion initialement prodigieusement créée par l'auteur de cette Anna Blume nous dirigeant ses paroles.
Sorti de l'illusion, c'est l'auteur qui apparait alors, malheureusement flanqué d'un flot de préjugés masculin sur la vie et les pensées féminines qui se déverse et abîme le récit. On perd ainsi le ravissement de notre rencontre avec ce personnage d'Anna Blume, l'abandonnant tout comme son auteur dans cette ville où tout se termine.