Je trouve les gens bien exigeants ! Une moyenne d'à peine huit pour une lecture aussi jouissive, c'est peu. Honnêtement, vu qu'il s'agit là d'un roman, on peut allègrement se foutre de la véracité historique pour s'abandonner tout entière au plaisir de la phrase et d'une narration menée tambour battant, dans l'euphorie la plus communicative. Car le rythme de ce récit est unique et juste, et rend au français des lettres de noblesse qui me manquaient intensément depuis un bon moment. Je me suis régalée, à vrai dire, autant parce que j'ai retrouvé une langue qu'on ne croise plus si fréquemment, même si elle n'est pas totalement perdue, que parce que l'histoire est finement goupillée. Je vais enquiller directement sur d'autres ouvrages du même auteur, en croisant les doigts pour retrouver cette prose gaillarde et savamment distanciée. Non, vraiment, j'ai passé quelques délectables heures de lecture, j'ai hurlé de rire avec une histoire de poule (cherchez vous-mêmes...) et savouré la fin si fondamentalement différente de celle choisie par l'adaptation cinématographique. J'ai toujours aimé les occasions ratées, je trouve ça terriblement romanesque. Mais je me garde d'être trop bavarde pour laisser le plaisir aux chanceux qui ne l'ont pas encore eu de découvrir ce roman exemplaire.