Au revoir là-haut prend le parti de faire le récit d'un pan mal connu de l'histoire de la Grande Guerre : comment les démobilisés auraient été abandonnés par l'Etat au lendemain de l'armistice ? Pierre Lemaïtre circonscrit rapidement l'action à deux escroqueries menées en parallèle par les personnages découverts au front dans les premières pages. On s'attend à savourer un récit original et mené tambour battant. Hélas, le lecteur un peu difficile que je suis devenu ne s'est pas satisfait de ce prix Goncourt qui n'atteint même pas le niveau d'un bon roman policier. Lemaître multiplie les facilités aussi bien dans la construction que dans le style. Un chapitre sur deux est consacré à l'un puis l'autre des personnages pris chacun dans une intrigue différente, technique usée du "page turner". Le style m'a semblé très scolaire : il faut par exemple arrêter l'action au champ de bataille pour présenter Albert, comme si le lecteur le regardait à travers une vitrine. Lemaître ne parvient jamais à créer une esthétique (où alors celle de la caricature tellement les personnages et la façon dont l'écrivain les fait s'exprimer sont clichés) et un univers (très, trop proche des BD de Jacques Tardi). Il reste quelques bonnes idées qui disent ce qu'un auteur un peu plus solide aurait pu faire de cette histoire (les masques portés par Edouard). On pourra plutôt recommander la lecture de l'essai de Bruno Cabanes sur la démobilisation, référencé dans les sources en appendice du roman.
Olivier_Paturau
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le 13 nov. 2013

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