Au revoir là-haut par BibliOrnitho
Albert Maillard : troufion issu de parents pauvres. Il a une bonne amie – Cécile – qui l’attend à Paris. Du moins, l’espère-t-il. Blessé par deux fois dans la Somme en 16, il est encore en vie en novembre 18 au moment où une dernière bataille – celle de la côte 113 – est déclenchée. Ce serait tout de même con de se faire étendre d’une balle allemande à une semaine de l’armistice, non ? C’est ce à quoi pense Albert quand il s’élance hors de la tranchée en compagnie de ses camarades. Il a bien les boules, mais quand faut y aller…
Edouard Péricourt : troufion itou, mais fils d’un richissime banquier parisien. Comment se fait-il qu’il ne soit pas plus gradé avec un papa si influent ? C’est que père et fils sont en froid. Edouard est lui aussi encore vivant en novembre 18. Lui aussi s’élance vaillamment à l’assaut de la côte 113, pas très éloigné d’Albert dont il croise le regard au moment de l’attaque.
Henri d’Aulnay Pradelle : lieutenant. Issu d’une vieille famille noble désargentée. Le château familial aurait bien besoin d’être restauré. Mais les finances manquent. C’est lui qui commande l’unité d’assaut lancée à la conquête de la côte 113. Il espère une ultime victoire juste avant la fin de la guerre, ce qui lui assurerait les gallons de capitaine. Il est prêt à tout pour redorer le blason familial et entend bien profiter au maximum de la période chaotique qui suit la démobilisation pour se faire un maximum de pognon.
Mr Péricourt : père d’Edouard. A la tête d’une banque prospère. Il habite un vaste hôtel particulier en bordure du parc Monceau. Il donne ses ordres sans prononcer un mot, d’un regard, d’un geste. Obéi au doigt et à l’œil. Craint aussi. Il est en froid avec son fils puîné qui a profondément déçu ses attentes de père.
Madeleine Péricourt : sœur aînée d’Edouard. A 30 piges, elle est toujours demoiselle. Pas spécialement belle, mais fort riche. Ca compense. Pourtant, elle attend toujours l’homme qui la conduira devant monsieur le maire. Elle adore son petit frère et sert d’intermédiaire entre le père et le fils.
Pauline : domestique fort bien roulée qui travaille pour la maison Péricourt. Elle loge chez ses patrons, dans une petite chambre de bonne sous les toits. Il lui est interdit de recevoir : la maison Péricourt est une maison sérieuse : qu’on se le dise.
Madame Bellemont : veuve de guerre, plus toute jeune et maintenant décatie. Elle loue des chambres dans maison parisienne pour joindre les deux bouts. Certains hommes peuvent pour partie la rémunérer en nature. Y a pas de mal à se faire du bien.
Louise Bellemont : fille de madame Bellemont. Agée de 11 ou 12 ans à la fin de la guerre.
Joseph Merlin : fonctionnaire proche de la retraite, détesté par l’ensemble de ses collègues. Grande taille, chaussé de lourds croquenots, de terribles battoirs à la place des mains. N’a pas l’habitude de faire dans la finesse. Traitement de misère, promis à une retraite de misère. Sent terriblement mauvais.
Au revoir là-haut, est un livre sur la Grande Guerre. Et sur les deux années qui suivent l’armistice. L’enfer des tranchées. La lutte contre les Boches. Les bombes. Le chaos de la démobilisation. Des poilus livrés à eux-mêmes, souvent incapables de retrouver une place dans la vie civile. Le terrible bilan humain d’une guerre dramatiquement meurtrière. La France qu’il faut repeupler. Les gueules-cassées. Les débuts de la chirurgie réparatrice. La France exsangue. La dette immense de l’Allemagne qui, assure-t-on, paiera pour les dégâts qu’elle a provoqués. L’épineux problème des cimetières militaires, de l’exhumation des morts devant être regroupés et inhumés dignement dans d’immenses nécropoles dédiées aux héros de la nation. Et les monuments aux morts que chaque commune souhaite offrir à ses enfants morts au champ d’honneur.
Au revoir là-haut, c’est tout cela. Et plus encore. C’est une formidable galerie de portraits haut en couleur, des gueules truculentes, des personnages admirablement campés. C’est un livre bourré d’humour grinçant, écrit de façon alerte, avec verve par un auteur privilégiant le langage cru. C’est instructif, c’est fort bien documenté, c’est drôle, c’est touchant, émouvant. Digne. C’est un prix Goncourt et c’est amplement mérité.
Quelle agréable lecture ! On en redemande.
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