Nous sommes à Alexandrie dans les années 1960, un groupe d’amis a pris l’habitude de se retrouver au bar du restaurant Artinos. Il y a là, l’avocat Abbas, il a un charisme semblable aux plus grands acteurs, Anas, le peintre qui fait les portraits des clients dans les cafés et les restaurants, le séduisant maître d’hôtel Carlo qui aime les femmes mariées que les années ont mûries, l’industriel du chocolat Tony son amabilité n’a d’égale que son obésité ou encore la libraire Chantal, qui boit plus que de raison. Chacun est viscéralement attaché à cette ville mais s’inquiète de la voir perdre son passé cosmopolite sous la présidence du colonel Gamal Abdel Nasser.C’est un roman corrosif et nostalgique sur la fin d’une époque. Avec les portraits. successifs de personnages attachants Alaa El Aswany nous entraîne dans le foisonnement culturel et social de la société égyptienne. Cette grande fresque sociale qui décrit un pays qui se referme sur lui-même est portée par une écriture légère, joyeuse, généreuse, sensuelle et pleine d’humour. Ce roman est une véritable autopsie d’une dictature et de ses méthodes ; la propagande, le culte de la personnalité, la méfiance des étrangers, la délation, la théorie du complot pour se présenter comme le protecteur du peuple.Un récit qui est à la fois une déclaration d’amour à Alexandrie et à ses habitants mais aussi un terrible réquisitoire contre Nasser.