Naguère d'Algérie

Leïla, Tarek et Saïd. Les trois enfants grandissent ensemble dans un petit village d'Algérie. Et puis la seconde guerre mondiale survient, Tarek va combattre en Europe et leurs chemins se séparent. Il reviendra et épousera Leïla avant d'aller travailler en France puis en Italie, après l'Indépendance de son pays, tandis que Saïd devient écrivain. Ce ne sont que quelques aspects de Au vent mauvais, qui garde en toile de fond l'histoire de l'Algérie, des dernières années de la colonisation jusqu'à la décennie noire de la fin du XXe siècle. Le roman de Kaouther Adimi, dont l'écriture est toujours une source de plaisir, n'est pas consacré à un triangle amoureux, Saïd n'étant présent physiquement que dans les premières pages du livre. Il reste pourtant toujours présent au fil du récit, dans les pensées de Tarek et dans le chaos qu'il engendre dans la vie de ses anciens camarades de jeux, lors de la parution de son roman. Il ne faut pas chercher dans Au vent mauvais une fresque historique mais plutôt une histoire intime de deux époux longtemps séparés pour des raisons économiques. Tarek, notamment, ce travailleur immigré, dont la solitude imprègne une partie du livre. Ce qui est certain, c'est que Au vent mauvais surprend par son rythme rapide, sans doute trop, eu égard à la marche du temps que traversent ses deux héros principaux. D'où un certaine sensation de survol alors que l'on aurait aimé voir les situations approfondies (il aurait fallu 200 pages de plus). Et c'est finalement quand le livre se met sur la touche pause qu'il est le plus vibrant : au moment du tournage de La bataille d'Alger par Gillo Pontecorvo, d'une part, et lors du "séjour" de Tarek, dans une villa romaine, d'autre part. Quand le vent mauvais devient, pour un temps, une brise qui berce les sens et l'esprit.