Nous suivons l’histoire de trois enfants élevés dans une école anglaise appelée Hailsham au 19ème siècle. Ou plutôt, nous suivons Kathy qui essaye de se rappeler de cette enfance passée avec Ruth et Tommy.


L’auteur fait preuve d’un style d’écriture apaisant et poétique parfait pour cette histoire subtile. On ressent dans ce roman une énorme sensibilité de la part des personnages : de Kath par le style introspectif, mais aussi des deux autres par la grande empathie et attention que celle-ci leur porte. Nous sommes plongés dans des descriptions de lieux magnifiques à Hailsham, dans l’histoire émouvante des personnages que l’on regarde grandir. Mais ce qui m’a attaché au roman, c’est cette atmosphère légère de jeunesse et de doux souvenirs avec une sorte de menace ou de non-dits que Ishiguro maintient tout au long du roman. Cela crée une forte curiosité chez le lecteur et on ne peut lâcher le roman dans les scènes de tensions palpables où la vérité est semée sous formes d’indices confus.


Cette dimension sinistre partiellement cachée jusqu’à la fin est ce qui m’a fait accrocher au roman. Le récit des personnages essayant de retrouver leur jeunesse est bien sûr intéressant et sentimental, mais il ne le serait pas autant sans cet aspect mystérieux qui plane sans cesse. Je percevais un manque de contexte et d’explications de certaines choses dès le début (comme avec le mot « donneur » dont je n’étais jamais sûre du sens) et je voulais comprendre tout ce qui était vague, chose possible au fur et à mesure du livre.


L’histoire complète en elle-même n’est pas vraiment nouvelle (pour moi, cela m'a fait penser à The Promised Neverland) et quand la révélation est apparue, je n’étais pas si surprise que ça car je l’ai vue venir au fur et mesure. (On les appelait les « créatures », le fait qu’ils devenaient tous donneurs, le manque de libertés et de contact avec le vrai monde extérieur…).

C’est un tournant que j’aime tout de même du fait de l’immense émotion que nous transmet l’auteur et les relations développées entre les personnages (amour et amitié). Ces dernières ne sont pas forcément développées par leur destin mais par leur amour mutuel et leur enfance passée ensemble ce qui les rend réelles et belles, et tout de même tragique par leur perte mutuelle de sens de leur vie, mais aussi entre eux.


La suite du roman n’est pas moins intéressante sans cet aspect tragique caché. Les relations sont encore plus développées et en deviennent que plus complexes. Les personnages sont en effet brisés d’apprendre ce qu’ils sont réellement et perdent ainsi toute leur innocence de leur enfance qui paraissait tendre et normale. Ils se rendent compte que celle-ci a été manipulée, que leur mémoire a été manipulée, qu’ils sont manipulés depuis leur création.


Auprès de moi toujours est une critique de le société dans laquelle les personnages vivent, où ils ne sont que des clones voués à mourir pour sauver d’autres personnes qui ne les considèrent même pas, considérant comme acquis leur guérison. Ici, ce n’est pas un élevage de bêtes mais plus un endoctrinement de personnes pour qu’elles considèrent comme normal le fait de donner ses organes tel un objet où l’on sert de chaque partie. Le roman soulève la question éthique du clonage : les clones sont-ils véritablement humains ? A quoi serviraient-ils dans notre monde ? Des questions importantes à se poser avec l’avancée technologie d’aujourd’hui, même si on sait que le clonage est interdit dans nos pays.

Je recommande ce roman de par sa poésie, la clarté de son écriture qui nous transmet à merveille la sensibilité des personnages, et de par sa tournure et sa fin tragique mais passionnantes.


Slow03
8
Écrit par

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le 3 juin 2024

Critique lue 7 fois

Slow03

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