Ce qu'il y a de mieux dans Aussi riche que le roi, c'est la restitution de l'intensité de la vie à Casablanca, dans les années 90, une cité grouillante, dont nous parviennent les clameurs et même les odeurs, dans la langue extrêmement précise et souvent envoutante d'Abigail Assor. Native de Casa, la primo-romancière signe un faux conte de fées, avec son prince charmant riche mais laid et l'adolescente qui a entrepris de le séduire, elle qui est pauvre mais belle (tiens, cela rappelle le titre d'un film de Dino Risi de 1957 !). Socialement, les deux personnages principaux sont aux antipodes et Abigail Assor insiste beaucoup sur ce thème, dans des descriptions détaillées de vies en parallèle qui ne devraient pas se côtoyer et encore moins se voir. L'héroïne du récit, Sarah, est une sorte de Rastignac de la fin du XXe siècle, à l'ambition dévorante, qui est prête à tout pour parvenir à ses fins. Les enjeux sont clairs dès le début du roman et si la relation entre la jeune fille et son "prince pas charmant" est contée avec beaucoup de nuances et de maîtrise psychologique, le livre n'évite pas certaines redites dans plusieurs scènes et abuse parfois de scènes contemplatives. Le roman n'en reste pas moins une première œuvre prometteuse, Abigail Assor n'ayant sans doute pas épuisé les ressources narratives liées au caractère si particulier de la ville blanche.