Automobile Club d'Egypte par MarieDmarais
De l'Egypte nous connaissons les pyramides, Toutankhamon, Néfertiti, le barrage d'Assouan, le Nil, Ramsès II, Cléopâtre et le Sphinx. En gros. La lecture d'auteurs arabes, dont Alaa El Aswany, nous permet, à nous autres européens, d'en apprendre un peu plus sur ces pays situés de l'autre côté de la méditerranée parce que ces pays ne se résument pas à l'antiquité et aux despotes qui les gouvernent, parfois. Concernant l'Egypte, planter le décor dans les années quarante nous apprend qu'elle fut sous occupation anglaise (ah bon ?). Il est loin le temps de la splendeur de pharaon... Ceci dit, Alaa El Aswany ne nous donne pas un cours d'histoire (quoique avec son chapitre sur l'invention de la 1ère voiture Benz qui n'a aucun rapport avec le schmilblick !). Il place ses personnages principaux dans un contexte bien particulier : un club privé du Caire tenu par un anglais, fréquenté par des hauts dignitaires anglais et égyptiens et servi par des égyptiens. Les exploitants et les exploités. De cette base, l'auteur guide son lecteur en lui présentant la famille Hamam, une famille en étroit lien avec ce club qui pourtant est loin d'être un lieu fréquentable par des habitants de la Haute Egypte. Il lui introduit chaque membre représentant de ce qui pouvait être l'égyptien de ces années là. Le lecteur les suit donc comme il suit les personnages d'une série américaine. Les malheurs, les bonheurs, les trahisons, les victoires, les choix assumés, les violences, l'amour, les conditions de vie, la fierté. Bref, tout ce qui pimente la vie mais avec la volonté de Dieu dedans. Le style est donc particulier par rapport à un auteur européen ou outre atlantique. Si l'importance de la religion est très présente, l'auteur s'accapare les codes actuels stylistiques pour accrocher son lecteur et rythmer son roman : chaque membre de la famille Hamam a son droit et son temps de parole au sein de l'histoire. Et pour ne pas le perdre, il utilise un moyen visuel pour différencier sa narration de celle de ses personnages : la police d'écriture. C'est efficace, bien écrit et relativement prenant en faisant vite oublier les deux premiers chapitres inutiles (ou comment se tirer une balle dans le pied !) qui ne donnent pas vraiment envie de continuer... Et pourtant ! C'est un peu comme leur tradition de demander des nouvelles de toute la maisonnée, des cousins et de parents éloignés avant de rentrer dans le vif du sujet qu'il soit amicale ou polémique. On s'échange des politesses avant de se rentrer dans le lard. Ah la différence des cultures... ! Une richesse !