On ne le dira jamais assez, on aime ou on n'aime pas Robert Charles Wilson pour ses ambiances, pour la mélancolie de son écriture lorsqu'il nous conte des mondes où un changement fait basculer le destin de quelques individus comme dans "Julian" ou "La Cabane de l'aiguilleur" ou de l'humanité comme dans "Les Chronolithes" ou "Spin".
Ainsi donc dans ce deuxième tome de la trilogie "Spin", tout en continuant sur la même trame, l'échelle se réduit pour ne finalement pas traiter d'un monde dans son ensemble mais d'une poignée de personnages. Dans ce groupe, une seule personne était présente au début, Diane Lawton, devenue Dupree. Ce roman prend place dans le nouveau monde qui s'ouvre à la fin du premier tome, et bien qu'il donne les éléments permettant de se passer de sa lecture, il serait stupide de ne pas commencer par le commencement.
Wilson use de nouveau de son artifice favori en décentrant l'intrigue réelle du roman autour d'un couple formé par Lise, jeune femme partie sur les traces de son père dans le nouveau monde et Turk, pilote antihéros et désabusé, alors que l'objet du roman est la relation entre les hypothétiques et un jeune garçon, Isaac, créé pour communiquer avec eux, les responsables du Spin. Le couple qui va lier son destin à Isaac donne donc à l'auteur le prisme dont il raffole pour ne pas aborder de front la question des hypothétiques mais tourner autour jusqu'à la fin du roman. Car oui, la compréhension des hypothétiques avance et on réalise que le destin de l'humanité n'est peut-être pas leur préoccupation.
On ne peut s’empêcher à la lecture du livre de le considérer comme une transition guidant vers la fin de Spin. Est-ce le fait que les évènements décrits ont moins de répercussions sur le nouveau monde que l'arrivée du Spin en a eu sur la Terre du premier livre ? Je ne saurai le dire mais on ne peut que constater que le roman manque du souffle épique du premier malgré toutes les qualités de l'écriture de Wilson.
L'atmosphère Wilsonienne fonctionne à merveille sur ce monde et je lirai avec plaisir la conclusion de cette trilogie tout en me demandant quand même si Spin ne se suffisait pas à lui-même. 7/10