Critique garantie 100% sans spoiler
Ayesha est le regroupement en un seul intégral de la trilogie formant les Trois Lunes de Tanjor, écrite par le couple d’écrivain français Ange. Pour beaucoup, ce livre est l’une des meilleures histoires de fantasy française, voire de fantasy tout court. Voyons pourquoi en quelques lignes.
Les Royaumes de Tanjor forment un univers relativement original. C’est une fantasy aux influences très orientales, peuplée exclusivement d’humains. L’influence de la religion (des religions plutôt) sur le destin des royaumes et leurs habitants est palpable. D’ailleurs, c’est le sujet principal d’Ayesha : les religions et les fanatismes qui en découlent, les règles aberrantes et inhumaines qu’elles créent. Il est rare de voir ce sujet traité dans un livre de fantasy, et rien que pour cela, Ayesha mérite qu’on s’y penche. Si, au début du livre, on aborde ce sujet avec une certaine insistance, l’écriture gagne nettement en finesse par la suite. Dans ces royaumes, le Peuple Turquoise (des humains blonds à la peau blanche et aux yeux bleux) est réduit en esclavage, car tel en a été décidé par les prêtres en observant les étoiles. Puisque les dieux nous envoient ce message, nous le ferons. C’est ainsi que, pour toute la population, ces gens sont esclaves de droit divin et nul de remettrait en cause ce statut, évidemment, puisque ce sont les dieux eux-mêmes qui ont parlé.
Dans ces royaumes, le lecteur suit essentiellement deux personnages : Arekh, un espion et homme de guerre violent et cynique, et Marikani, une jeune femme prétendante au trône d’Harabek. Profitons-en pour mentionner que les personnages forment l’une des grandes forces de ce livre. Arekh a tout de l’anti-héros, mais ça ne le rend pas moins attachant. Quant à Marikani, elle n’a rien de la parfaite princesse et a des réactions extrêmement humaines et parfois agaçantes. Mais les écrivains ont été bien plus loin, puisqu’ils ont fait évoluer leurs personnages (principaux et secondaires) tout au long de leur histoire, et ce de manière extrêmement intéressante. L’évolution de certains d’entre eux est tout simplement géniale.
Un autre point fort d’Ayesha est son rythme haletant. Il est tout simplement impossible de s’ennuyer en lisant ce livre, tant les événements s’enchaînent rapidement. Dans le premier tome, c’est presque trop rapide, puis les auteurs ont pris un peu plus leur temps pour le deux tiers suivants. L’écriture est fluide et rempli son office, les personnages sont, comme je l’ai dit plus haut, très intéressants, et les événements s’enchaînent constamment, de sorte qu’il est très difficile de refermer le livre quand on a commencé à lire quelques lignes.
L’histoire se concentre essentiellement sur les personnages, leurs relations et leurs convictions. S’il y a de la géopolitique, elle n’est pas au cœur de l’histoire, même si elle est importante. Mais elle forme un arrière-plan qui influera sur les personnages.
Lorsque je lisais Ayesha, je pensais lui mettre 7/10 coup de cœur, parce que j’aimais beaucoup ce que lisais mais je ne pensais pas être marqué non plus. Puis est arrivé la dernière partie du livre, et surtout la fin. Et je dois bien dire que cette fin m’a réellement marquée. Les circonstances ont fait évoluer les personnages et ils ne sont plus les mêmes qu’au début. On ne s’en doute pas forcément d’abord, car c’est abordé avec beaucoup de finesse, mais cela va avoir un impact essentiel sur eux, leurs relations, leurs convictions et leur place dans la société.
Ayesha est un livre au rythme haletant qui dépeint des personnages originaux et intéressants. Leur évolution, surtout, est l’une des grandes forces de ce livre. De plus, Ayesha se concentre sur un sujet rarement traité en fantasy : les religions et leurs fanatismes. Si la première partie du bouquin est agréable à lire, la deuxième partie gagne en finesse et en intérêt, jusqu’à un final tout ce qu’il y a de plus marquant.