On ne se refait pas. Il a pu signer ses romans les plus noirs sous les alias de Richard Stark ou Tucker Coe, mais Donald Westlake reste le chenapan d'écrivain qui adore faire rire.
Bien sûr, je pense à la série des aventures hilarantes du cambrioleur malchanceux John Dortmunder. Cependant, l'une de ses plus grandes réussites sur le terrain de la comédie restera Aztèques dansants.
Dortmunder et sa clique de braqueurs cintrés ont pris congé, cette fois-ci le délire va concerner une autre brassée d'empotés. Rassurez-vous : ils sont tout aussi incapables quand il s'agit d'avoir de la veine et incroyablement compétents quand il faut s'attirer des ennuis.
Avec cette histoire de statue aztèque d'une valeur d'un million de dollars égarée parmi ses nombreuses copies dans New York, les gaillards vont mettre la barre très haut.
Je crois que je n'avais pas autant ri en lisant un roman depuis...depuis Dégâts des eaux (du même sagouin de Westlake). C'est bien simple : l'auteur pousse son art du délire à son paroxysme. Invraisemblable, ultra-rythmée, ponctuée de rebondissements absurdes ; cette odyssée de la comédie humaine est irrésistible. À plusieurs reprises, j'ai dû stopper la lecture tant certaines scènes étaient drôles. Un triple braquage chez la même personne, une poursuite entre malfaiteurs, la visite sur le bateau d'un malheureux quidam,...J'aurais pu en citer d'autres, mais ces trois-là m'ont déjà permis de retravailler mes abdominaux.
L'écriture de Westlake a rarement été aussi pétillante et facétieuse. L'écrivain offre une peinture à la fois blasée et piquante la ville qui ne dort jamais. Ses personnages offrent tous leur lot de cocasserie (et dîtes-vous qu'il y en a près de 50 !). Parmi eux, mes préférés :
- Jerry : l'escroc malin et humain, typiquement le genre que Westlake aime mettre à l'épreuve.
- Mel : un partenaire de Jerry. Droit et motivé, le bougre pâtit d'une maladresse insensée.
- Bobbi : femme au caractère bien trempé. Ni heureuse ni soumise, elle propulse l'intrigue.
Les autres ne déméritent pas, loin de là (le duo Frank et Floyd, Pedro, Oscar,...). Les destins se télescopent, se croisent, et quand la collision arrive, c'est toujours avec le sourire aux lèvres. Je n'ai pas vu les pages défiler, si bien que le bouquin s'est presque lu tout seul. Il n'y a jamais de temps morts, les bons mots et répliques bien senties pleuvent.
Typiquement le genre d'ouvrage qui devrait être remboursé par le sécu tant sa lecture fait du bien.
Fans de Westlake, de l'inénarrable Dortmunder, de comédies échevelées, foncez sur Aztèques dansants. C'est du plaisir en barre (de rires).